Cinquante-sept pour cent des électeurs européens ont préféré, pour une raison ou plusieurs, de ne pas aller voter. Dans une démocratie digne de ce nom, cette majorité d’abstentionnistes suffirait pour invalider les résultats officiels, établis après l’élimination du nombre non communiqué de bulletins blancs et nuls. La vraie participation était inférieure à 40%.
Comment peut-on attribuer des mandats à des pays qui affichent leur désintérêt (ou leur refus!) d’une façon évidente comme CZ (avec 19,5 pour cent de votants seulement), SI (21%), SK (13), UK (36), RO (32,2), PT (34,5), PL (22,7), NL (37,7), LV (30,0), HU (28,9), EE (36,9), HR (25), BG (35,5)?
Il s’ensuit que la légitimité politique de ce parlement européen repose sur des bases bien fragiles, conclusion étayée par le fait que même en Allemagne et en France, la majorité appartient aux abstentionnistes (52 respectivement 56%). Et pourtant, d’aucuns pérorent comme s’ils avaient remporté une éclatante victoire qui leur donnerait des droits incontestables!
Prenons le cas de Juncker. Il n’a pas été élu pour la simple raison qu’il ne fut pas candidat; s’il s’autoproclame président de la Commission européenne, c’est que le rassemblement des partis conservateurs (PPE) totalise 221 députés désignés dans les conditions dénoncées plus haut, alors que le groupe des socialistes et sociaux-démocrates en affiche 190. Le «droit» revendiqué par Juncker découle d’un incroyable accord entre les «partis» européens: celui qui ferait le plus de sièges se verrait attribuer Bruxelles!!!
Mais voilà une combine indigne même d’une république bananière, et a fortiori, de l’Europe démocratique en gestation! Donc Juncker, qui ne se présente nulle part à la députation, qui a été mis en avant comme un pion sur l’échiquier de Merkel, aurait gagné la succession de Barroso parce que les tireurs de ficelle du PPE, ratissant jusque dans les bas-fonds du Fidesz hongrois et de la berlusconnerie italienne, gardent une longueur d’avance, quitte à avoir perdu une soixantaine de postes …
Tout cela fâche. Cela fâche parce que c’est commis par des donneurs de leçons dont la conduite et surtout l’action politique pousse des millions d’Européens dans les bras des extrémistes comme Le Pen.
Si je suis nommé Président conformément à mon droit, je continuerai la politique de stabilité, dit Juncker. Il n’est pas un repenti bien que sachant que l’austérité imposée aux Etats avec sa complicité (Eurogroupe!) a fait en dernier ressort exploser le chômage et la pauvreté.
L’Europe n’a pas besoin d’un Barroso bis mais d’un réformateur social, issu du Parlement ou d’ailleurs. Il doit en exister encore quelques-uns, n’est-ce pas?
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können