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Tradition, si je te lâche

Tradition, si je te lâche

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Grandes ou petites, les religions ont réussi à traverser dix, vingt voire trente siècles grâce à leurs ingénieux systèmes de dogmes, de liturgies et de traditions.

Mais par les temps qui courent, les doctrines chrétiennes, et plus particulièrement le catholicisme romain, sont mises à mal en Europe notamment, par la sécularisation de la vie publique et de la vie privée.

Même au Luxembourg, le déclin de l’Eglise conduit le gouvernement à remettre en question des „droits“ que l’archevêché considère comme acquis, alors qu’ils ne découlent que de lois et de conventions du XIXe siècle, époque où les pouvoirs ecclésiastique et politique formaient une communauté d’intérêts, le second nommé se subordonnant au premier.

Il est fascinant d’observer que les dogmes et les liturgies sont lâchées bien plus vite que les traditions, dont certaines répondent sans doute à des besoins profonds, inhérents à la nature humaine, et donc capables de s’affranchir d’un carcan, fût-il sacral.

Le Noël chrétien et son mythe se greffent évidemment sur la célébration du grand événement qu’est le solstice d’hiver, observé depuis des temps immémoriaux. Le jour baissait depuis des mois; la nuit le dévorerait-elle? – Mais non, voilà que le soleil réapparaît plus tôt à l’horizon, il se couche plus tard, sa lumière bienfaisante rend l’espoir aux hommes: de quoi fêter, fêter ensemble, en famille, en clan, en communauté, bien manger, bien boire, la vie continue, frères et soeurs et amis!

Quelles sont les composantes d’un Noël à la luxembourgeoise en 2013? D’abord, le sapin si joliment illuminé, décoré de préférence avec de belles boules de toutes les couleurs, à moins que l’on ne préfère que le rouge, les cadeaux s’entassent à son pied, il y en a pour des centaines d’euros; parfois, la crèche avec l’enfant Jésus et Marie, Joseph, l’âne, le boeuf, les trois rois mages, les bergers, les moutons, les anges, l’étoile; puis la veille et le jour, interminables repas en famille élargie, mangeons, buvons, c’est la fête! – Quelle fête?

Si l’aspect religieux est dans une large mesure éliminé de l’événement festif et commercial qu’est devenu Noël, peut-on encore parler, dans ce cas précis, d’une tradition? Ou faut-il y voir une coutume plutôt? Une coutume profane, comme le sont les fêtes d’anniversaire, les fêtes sportives, les fêtes scolaires, etc., etc.?

Qu’importe la nuance. Le monde nouveau, celui qui a été créé en deux, trois générations par la télévision et l’internet, privilégie en toute circonstance l’immédiat, le vécu courant, voire virtuel. Il n’a que faire des traditions et des coutumes héritées. Elles sont trop compliquées à gérer avec leurs contraintes formelles venues d’autres âges. Simplifions, simplifions, simplifions et consommons puisque consommer est source de plaisirs, est raison d’être!

Suis-je en train de plaider pour le retour aux mystifications religieuses qui étaient si longtemps l’armature et le ciment des traditions comme des coutumes?

Oh non! Je plaide contre la récupération bassement commerciale des fêtes traditionnelles et coutumières qui ponctuent le défilé des mois: elle détruit peu à peu l’identité, la particularité locale, régionale, nationale.

Ce qui est dommage.

Alors, tradition, si tu me prends, je te remplirai de bon sens et de clins d’oeil que je partagerai avec tous. Voilà le défi!