Essayons de cerner le problème. La Terre est petite; les contemporains y vivent en même temps, mais non au même temps, puisque les calendriers diffèrent. Pour les Chinois, qui sont assez nombreux, le Nouvel An commencera le jour qui correspond au 31 janvier grégorien; les modes de calcul bouddhiste, hindou, indien, hébraïque, julien, musulman et persan sont parfaitement respectables aussi. Donc, pas de simultanéité, mais confusions.
Il vaut mieux limiter l’interrogation, l’intention, le but, le projet à la dimension luxembourgeoise, qui n’est pas négligeable pour la communauté des autochtones et des immigrés liés pour le meilleur et le pire sur les 2.656 kilomètres carrés de l’Etat souverain.
Nouvelle donne en effet: le parti chrétien-social a dû céder le pouvoir gouvernemental à une coalition laïque unie par la volonté de démocratiser et de moderniser la vie sociétale dans ce pays quelque peu retardataire, sans négliger pour autant le développement durable des secteurs économiques vitaux.
Le programme politique des trois partenaires étant considéré comme une déclaration de guerre par l’opposition noire, laquelle dispose de l’appui des médias de l’archevêché, il faut s’attendre à l’empoisonnement de la vie publique. Le remplacement de l’instruction religieuse dans l’enseignement public est ressentie par l’Eglise catholique comme une attaque vulgaire contre ses droits voulus pérennes, tant pour des raisons financières que doctrinales.
Elle, qui a si longtemps dominé et orienté le Luxembourg romain et vaticane, rejette catégoriquement la perspective de la séparation de l’Etat et des appareils religieux. C’est parfaitement compréhensible d’ailleurs: qui céderait de bon gré tant d’influence politique, sociale et culturelle, et tant d’avantages matériels?
En bonne logique, le couple Eglise-CSV mettra en oeuvre tous les moyens pour déstabiliser les nouveaux. La moindre erreur, le moindre faux-pas, le plus petit échec, sera exploité de la façon polémique la plus ignoble, dans la presse partisane, sur les pages manipulées des réseaux sociaux, à la radio et à la télé, dans les institutions, l’objectif étant de diviser l’opinion publique quitte à susciter des haines où, jusqu’à présent, il n’y avait que divergences.
Procès d’intention, cela? Non, mais extrapolation du vécu entre 1974 et 1979, quand le DP et le LSAP étaient sous le feu quotidien du CSV pourtant parti volontairement dans l’opposition, après la perte de trois sièges admise par M. Werner comme une défaite.
Alors, que les alliés d’aujourd’hui ne rêvent pas. Ils trouveront sur la route de l’innovation des obstacles massifs, dont le débarras les détournera des priorités. Face aux rumeurs, aux demi- et aux contre-vérités, ils risquent de perdre les heures et les jours indispensables à la réflexion et à l’achèvement politiques.
Qu’ils apprennent à anticiper les coups qui pourraient leur être portés!
A ce titre, l’avalanche de réactions scandalisées, voire destructives, à la suite de l’utilisation par une secrétaire d’Etat socialiste de sa voiture de fonction pour ses vacances d’hiver, est un signe flamboyant d’alarme: vous êtes sous observation 24 heures sur 24, vous, les usurpateurs, vous qui détournez le pouvoir naturellement dû au CSV et aux siens!
Qu’ils cessent de rêver, les Gambia, s’ils veulent changer la donne.
Alvin Sold
(Kulturissimo, 9.1.2014)
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