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Ce n’est pas du cinéma

Ce n’est pas du cinéma

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Prenez donc vos enfants et vos adolescents par la main pour mieux les obliger à regarder trois heures durant „The Wolf of Wall Street“, le si réaliste film de Martin Scorsese, afin qu’ils comprennent une bonne fois pour toutes le monde nauséabond de l’argent facile issu de la spéculation et les excès qu’il entraîne.

Ajoutez-y trois autres longues heures pour discuter avec eux, pour mieux leur expliquer ce que sont les courtiers, ce qui les anime, comment ils ruinent les pauvres sous prétexte de les sauver et jusqu’où les entraînent leurs frasques rendues possibles par l’argent facile, l’argent sale, fruit de la manipulation des cours, des „Libor“ et autres trouvailles de l’ingénieur financier. Qu’ils découvrent ce que sont les drogues, combien rapide est le passage de la plus „douce“ au „Lemon grass“, quelle déchéance résulte de la branchée cocaïne, cette „blanche“ qui fait danser sur les tables avant de réduire celui qui en est accro à l’état de bave …

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Scorsese et son brillantissime interprète Leonardo DiCaprio n’ont pas fait dans le cinéma cette fois. Ils retracent le monde tel qu’il est, le nôtre, même après-crise 2008, après les faillites spectaculaires du type Lehman Brothers.

De Boeing à … Cargolux

L’argent fait rêver; l’argent corrompt. L’argent permet d’aider; l’argent tue.

Alors qu’il ne devrait être qu’un outil au service des humains, il est devenu leur agent de dépravation et ruine tout ce pourquoi ils se sont jadis battus.

Un fait récent, intervenu aux Etats-Unis, aurait dû mettre la puce à l’oreille de chaque homme politique européen, de chaque syndicaliste, de chaque citoyen capable de réfléchir.

Boeing rencontre apparemment des difficultés à produire de façon „rentable“ sur certains sites américains. Ses actionnaires ne voulant en rien voir leur dividende baisser, il a été décidé de laisser le choix aux ouvriers:

1) ou la production était délocalisée, les sites fermés et les emplois supprimés;

2) ou les salariés acceptaient de sacrifier l’essentiel de leurs droits de pension et de renoncer à la grève jusqu’en 2024.

Comme de bien entendu, l’opération a fonctionné. Pour sauver l’emploi dans un premier temps, le personnel a accepté à 51% contre 49% de brader ses acquis. Ce vote serré est le résultat d’une division profonde entre les jeunes (majoritaires) et les anciens, victimes de la désolidarisation.

Il faut être aveugle pour ne pas entrevoir la suite. Le „modèle“ Boeing sera demain repris par d’autres sociétés américaines, lesquelles – du coup – produiront à moindre coût et pénaliseront ainsi leurs concurrents du „village global“. Et la globalisation de l’économie étant un fait, on sait ce qui attend l’Europe à moyen terme.

Bref, pendant que les dépravés des „Wall Street“ de la planète snifferont de la cocaïne sur les fesses des putes bon marché avant de se livrer à des orgies peu ragoutantes sur des yachts ou dans des villas de rêve, le citoyen lambda trimera encore à 80 ans faute de sécurité sociale et d’assurance maladie …