Le bon peuple ne lit plus. Il croit, parce qu’on l’y a préparé depuis trois décennies, qu’écouter quelques minutes ce que les ondes diffusent pêle-mêle et surtout que tapoter sur le web suffit à lui faire comprendre les tenants et les aboutissants de la géostratégie, elle-même au service de la géoéconomie. Ce n’est que le jour où lui, le bon peuple, sera réduit à être „un Grec“, c’est-à-dire une personne à minima, quand ses avantages sociaux auront fondu comme neige au soleil, quand il verra que les classes moyennes se confondront avec les pauvres, quand il ne saura plus comment financer sa sécurité sociale privatisée, sa retraite privatisée, les écoles privatisées de ses enfants, qu’il se réveillera. Il sera alors trop tard.
" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Quelles qu’aient pu être les erreurs grecques du passé, nul n’a le droit d’humilier un peuple comme le fait cet organisme capitalistique qui s’appelle Union européenne. Union non point des peuples, mais de la libre circulation du capital. Car il n’y a dans ce corps de technocrates assistants anonymes desdits politiques, eux-mêmes esclaves de l’oligarchie de l’argent, plus de place pour le respect, la justice, la dignité. Bref, pour l’humain.
A la manœuvre, l’Allemagne. Le perdant des deux guerres mondiales livre cette fois sa troisième bataille, économique. Guerre que pourtant Mme Merkel et M. Schäuble perdront, fût-ce à terme. Car à force d’humilier les grands voisins, à force de mépriser l’Europe du Sud, l’Allemagne et ses alliés (tiens, l’Autriche, les Pays-Bas, la Finlande) réveilleront les forces cachées qui demeurent à jamais dans les vieux peuples.
Sparte l’emportant durablement sur Athènes?
Hellas piétinée?
Quel extraordinaire gâchis!
Mais voilà ce qui arrive quand l’argent devient le maître, lorsqu’il s’affiche parce qu’il est tombé aux mains de parvenus sans âme ni culture, sans éducation ni élégance. L’expression démocratique est bafouée et les ploutocrates s’en donnent à cœur joie, monnaie sonnante et clinquante, tels des Gatsby avant la décadence. Oh, ils sont intelligents ces gens-là puisqu’ils ont su transformer habilement la société, créer des générations de jeunes empressés de les imiter, trop conditionnés pour s’apercevoir qu’on se sert d’eux. Une sorte de Jérôme Kerviel au pluriel, tous beaux, tous les mêmes, tous comblés par une BMW ou une Porsche de leasing, une semaine aux Maldives et des duplex qu’ils mettent 40 ans à rembourser, sans s’interroger qui encaisse les intérêts. Alors que l’on disserte encore ici ou là sur les failles du système démocratique, ce dernier est dépassé.
A l’heure de la divinité Richesse, il ne s’agit pas de sauver la Grèce. Juste d’éliminer un gouvernement qui dérange. Vivement, n’est-ce pas, le retour à la table du Conseil européen, d’un exécutif cravate et chemise blanche. Les règles sont les règles, c’est un dogme. Les règles ne sont point au service d’un objectif …
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