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Volonté et modestie

Volonté et modestie
(sda/Pierre Matgé)

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Bien-sûr, Jean-Claude Juncker a eu droit à toutes les félicitations ce mardi après-midi après un vote confortable et un discours moyennement applaudi au Parlement européen.

Des pirates au CSV en passant par le DP et le LSAP, il fut applaudi, le message le plus burlesque émanant de sa collègue Viviane Reding évoquant l’élection du Pape.

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Les nôtres, il peut les avoir, sachant qu’au moins, elles sont sincères. Et plus encore que des compliments, ce sont deux qualités essentielles que nous lui souhaitons pour l’exercice difficile qui s’annonce, à savoir la volonté et la modestie.

Le magazine allemand Der Spiegel concluait cette semaine son portrait-feature remarquable par une phrase intéressante: „Il (JCJ) devra changer“. Pourquoi donc, celui qui a su captiver un large électorat à domicile des années durant et mettre dans sa poche tout aussi les journalistes locaux et européens avant que le vent tourne, serait-il obligé de changer? Les raisons, pourtant, sont évidentes.

Mémoire et passé

Jean-Claude Juncker, fils aimant d’origine modeste, n’a jamais oublié les leçons transmises à propos de la Seconde Guerre mondiale. Cette mémoire-là a marqué son identité européenne et expliquera pour partir son attachement ultérieur à Helmut Kohl, le chancelier de la réunification allemande et l’allié fidèle de François Mitterrand.
Mais autant le devoir de mémoire est une obligation, autant est-il handicapant de se laisser enfermer dans le carcan du passé, surtout quand 28 pays comptent sur vous pour aider à enfanter l’avenir. Certes, le programme soumis aux députés de Strasbourg a largement pris en compte le fléau numéro un de l’Union européenne, le chômage. Ce programme fut multiple, trop peut-être, politique. Si le futur président Juncker veut atteindre les objectifs qu’il a déclinés, il lui faudra une volonté d’enfer. Dans la durée, face à des commissaires qui lui auront été pour partie imposés, pour partie des gendarmes chargés de le garder à l’œil et face à une administration de 33.000 personnes dont la majorité sont de fortes têtes.

Volonté aussi par rapport à un Conseil européen qu’il connaît, certes, et dont il doit mesurer les clivages, les intérêts divergents, les fausses amitiés et vraies combines ainsi que la puissance des egos.

Le chef de l’exécutif bruxellois propose, discute, négocie. Lui, le non élu du suffrage universel, sera toujours en position d’infériorité, du moins s’il y a problème. A moins qu’il ne sache user de la meilleure carte en pareil cas, c.-à-d. s’il sait être humble, modeste, ne pas faire d’ombre aux „grands“, ne pas leur donner de leçon en public.

Jean-Claude Juncker fut l’homme politique de la communication. Cette dernière a accéléré son ascendance politique et faillit être la cause de son déclin. Saura-t-il faire sienne la devise que „le silence est d’or“? Désormais, à Bruxelles, il sera sous les feux de la rampe, jour et nuit. Chaque impair sera scruté, chaque phrase analysée. C’est ainsi. Son entourage sera crucial. Gare aux flatteurs!

De la réussite du président Juncker dépendra aussi l’image du pays dont il est issu. D’un échec, dont nous ne voulons pas, aussi.

(Danièle Fonck)