Il sut trouver immédiatement les mots justes, sut décider fermement, calmement, omniprésent. Sans agitation aucune, sans besoin de faire-valoir, il était avec et au milieu de son peuple, sut embrasser pour consoler en se taisant, parler à ceux qui avaient besoin de mots, écouter, entendre. Marchant, seul sans manteau, le visage grave, le geste non ostentatoire, attentif, vif.
Peut-être parce qu’il avait retrouvé sa plume et mis à l’écart les scribes de service put-il être lui-même, convaincre, dire les phrases qu’on attend de celui qui préside à la destinée d’un pays, surtout s’il entre en guerre, en guerre de civilisation, en guerre pour la défense des libertés.
Les observateurs étrangers, de droite comme de gauche, furent unanimes: Hollande président fait et a fait un sans-faute depuis le début de l’odieuse série d’attentats, secondé d’ailleurs de main de maître par son premier ministre et un ministre de l’Intérieur d’une dignité et d’un professionnalisme rares.
Réussir à faire venir à Paris tant de dirigeants étrangers pour donner de la lumière à l’obscurité soudaine fut inédit. Comme le geste d’adjoindre aussitôt à Netanyahu, qui s’était auto-invité, le Palestinien Abbas. Et peu importe pour le coup la présence de quelques sinistres personnages qui ont dû découvrir les mots liberté et démocratie le jour même de la grande marche.
Avant d’autres, François Hollande avait compris que le double, voire triple assassinat (Charlie Hebdo, Montrouge, Vincennes) créerait une confusion voulue par Al-Qaïda. Or, liberté s’écrit toujours avec majuscule, qu’il s’agisse de la liberté d’expression ou de la liberté philosophique. Lui, si peu président digital, a saisi d’emblée le double symbole: un journal et une imprimerie furent ciblés. Voilà qui n’est pas un hasard, même à l’heure où les fascistes tous se servent du web pour pervertir et comploter.
Charlie Hebdo, ce fut une rédaction du crayon, une équipe mixte de juifs, de musulmans, mais avant tout de laïcisme personnifié, ancré aux chevilles de tous. Une policière couleur café, un policier musulman. Et pour couronner l’infâme, des clients potentiellement juifs, puisque c’est cela qu’est censé représenter une épicerie casher aux yeux des ignorants que furent les criminels et leurs complices.
Comment est-ce possible que des religions parviennent à corrompre des esprits faibles en faisant d’eux des meurtriers, des brutes ignobles, oui, des monstres? Quels seraient donc ces dieux au nom desquels ils s’arrogent le droit de tuer des innocents et d’imposer leur pouvoir à des sociétés démocratiques? Et qui sont ces sauvages qui les instruisent, aveuglés au point d’imaginer qu’ils pourraient enfreindre nos libertés, la liberté d’expression?
Des usurpateurs de la pensée d’un dieu, d’un prophète, d’un mage … des interprètes autoproclamés … Ils guettent à chaque coin de rue, ici aussi. Comme l’union bosniaque de Mamer ou
le secrétaire général de l’évêché.
Contrairement d’ailleurs au grand rabbin, bien plus fin. Il est inutile de préciser que leur „code de nos droits d’impression“, ils peuvent s’en servir comme essuie-bouche.
De nos dirigeants, nous attendons la même fermeté que celle de Hollande. De notre classe politique, la même unité que celle de nos voisins. C’est au courage que l’on reconnaît les hommes d’Etat. La lâcheté est le propre des médiocres.
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