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Mare Nostrum

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Nos patrons, basés à Washington, ont forcément toujours le fin mot puisqu’ils sont aux commandes. Leur intérêt est géoéconomique et la seule géoéconomie détermine leur géostratégie. Depuis un siècle.

La doctrine change peu ou prou, indépendamment de l’homme ou du parti au pouvoir. Et c’est ici que commence l’hypocrisie européenne.

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

L’UE n’a pas de politique étrangère et dès lors migratoire. Parce que l’union politique n’a jamais existé: l’UE est aux ordres, même si elle a le droit de faire semblant de temps à autre. Elle peut, afin de faire acte d’indépendance, afficher une nuance, infléchir la tonalité, obtenir un ajustement. Mais sur le fond, elle suit sagement la politique de son maître.

Mare nostrum, notre mer intérieur, notre mer commune n’est plus celle où l’on se baigne dans la douceur des vagues. Elle est devenue celle où nos cousins d’outre-rive s’entretuent sauvagement au nom d’idéologies religieuses soigneusement financées des années durant. De pseudo-oppositions follement armées massacrent sous prétexte de mettre fin à des dictatures mises en place pas l’Occident avide de gains et désormais menacé sur son propre sol par les fous de dieu qu’il a voulu utiliser.

L’autre côte, celle d’en face, est en feu et en sang. De notre faute puisque nous avons aidé à remplacer le mal par l’horreur, en fidèles et stupides alliés.

Iran, Irak, Syrie, Egypte, Soudan, Yémen, Arabie saoudite, Libye, Mali, Somalie, Niger, Erythrée: que de cauchemars. Sans oublier ceux que nous continuons à courtiser, princes de pacotille bourrés de fric et oppresseurs de leurs peuples comme de leurs servants immigrés, autrement dit ces émirs de bande dessinée chez lesquels nos petits parvenus continuent d’aller admirer les tours de Babel transformées en «shopping malls» et hôtels à la «Gatsby».

Mare nostrum: mer de la mort, flots rouges du sang des nouveaux «boat people», pauvres bougres fuyant viol, torture, mort annoncée. Pauvres parmi les pauvres que nous pleurons tout en avouant en douce, hypocrisie encore, que nous ne voulons et ne pourrons accueillir durablement.

Washington est loin et nous laisse le soin – conformément au principe de répartition des tâches – de nous débrouiller avec cet imbroglio. Alors qu’il n’y a pas la moindre chance d’y parvenir.

Certes, l’opération Triton était vouée à l’échec. Car Frontex disparait d’un budget équivalent à celui d’une grande ville française ou allemande. Pas de quoi sauver une partie de l’humanité! Aujourd’hui, tandis que des centaines d’enfants, de femmes, d’hommes meurent noyés, nous admettons nos insuffisances. Sans pour autant aborder le fond du problème.

Pourquoi les peuples d’Afrique et du Moyen-Orient ne peuvent-ils plus cohabiter dans leurs pays que nous avons créés de toute pièce à des tracés de frontières aléatoires qui ne prenaient ni en compte les ethnies ni les religions? Pourquoi armons-nous ces peuples plutôt que de les nourrir et de les former?

Pour que soient stoppés ces flux migratoires, il faudrait que la paix civile revienne, que les populations locales aient un espoir de vie décente, du travail, des écoles et des débouchés pour leurs enfants. Ce qui impliquerait qu’ils puissent librement contrôler leurs richesses et notamment leurs sous-sols. De quoi découlerait inévitablement une diminution de notre propre niveau de vie. Ce que nous refusons, n’est-ce pas?

Faisons un rêve. Demain, les Etats-Unis d’Amérique ne s’intéressent plus au pétrole et au gaz du Proche-, du Moyen- et de l’Extrême-Orient, si demain Washington et Pékin se désintéressaient des minerais africains, ou du diamant, et de tout le reste, les «locaux» finiraient par s’entendre dans un but d’essor. Le nikab et la burka ne seraient plus un nécessaire, un symbole identitaire, l’objectif premier devenant la (re)construction de leurs pays respectifs.

Hélas! le réveil a sonné et le rêve s’est évaporé dans les nuages matinaux.

Washington resserre les liens avec l’ami européen, l’UE assume humblement son rôle. Finissons-en avec les stéréotypes sous forme d’abréviations. La Méditerranée, fragile bijou d’un autre temps, ne nous appartient pas. D’autres y expérimentent et y ont installé le chaos. Réimplanter quelques milliers de personnes dans nos contrées est un exercice vain.

Ce n’est pas de Mare Nostrum – Frontex – Triton qu’il faut débattre en sommet ce jeudi. Mais du renouveau de l’ordre politique international.

Tant que l’on continue de vendre des avions de guerre à l’Inde qui en aurait besoin, dit-elle, contre la Chine, tant que la Pologne peut s’armer contre les Russes, tant que les armateurs grecs resteront dispensés d’impôt à l’instar de la richissime église orthodoxe, ne gémissons pas sur les noyés au large de Lampedusa.

Tous les drames que nous vivons actuellement ont été prémédités, organisés, orchestrés. Et ils rapportent gros.