L’Empire occidental, né des cendres de la Deuxième Guerre mondiale, est en polycrise chronique depuis longtemps. Quand donc les choses ont-elles commencé à tourner mal? Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, qui a permis la globalisation de l’économie financiarisée?
Faisons d’abord le constat.
Grand malaise général dans la plupart des démocraties. Des centaines de millions de gens qui ont l’impression de vivre mal, ou pas assez bien. Rejet des élites politiques, économiques, techniques, administratives, incapables d’expliquer leur démarche et trop souvent prises en flagrant délit de mensonge. Malaise devant les interventions militaires dans des pays lointains qui déclenchent des flux de migration, peur du terrorisme. Désillusion, désespoir; absence de perspectives réjouissantes ou simplement encourageantes. On vivote et on consomme si l’argent ne manque pas. Mais où donc est passé le bonheur?
Vous l’aurez, le bonheur, j’arrive, laissez-moi faire, clament les hérauts du populisme nationaliste moderne, les Farage, Wilders, Orban, Kaczynski, Blocher, Grillo, Petry, Le Pen et autres Trump.
Ah! Trump! L’Empereur Donald Trump. Non, n’allez pas penser à Caligula ni à Néron. A chaque époque ses personnages. La nôtre, celle de l’élection libre dans des pays libres, si elle produit de dangereux tribuns, c’est que d’autres ont fauté quand ils étaient aux manettes. Les catastrophes politiques sont l’aboutissement naturel des erreurs accumulées par des dirigeants incapables de développer le bien commun. Dommage qu’on ne puisse pas les citer immédiatement devant le Tribunal de l’Histoire. Accusés Bush, Clinton, Blair, Obama, Sarkozy, Hollande, Merkel, Schäuble, levez-vous! Vous avez détruit la confiance que les citoyens doivent avoir en leurs chefs et dans les institutions; vous aviez toujours un agenda caché, les dégâts politiques sont incommensurables.
Polycrise occidentale donc. Polycrise aux Etats-Unis d’Amérique, polycrise de l’Union européenne. Les USA ont-ils entraîné l’Europe dans leur décadence manifeste, qui n’est plus occultée que par la puissance de leurs armes?
Trop facile. En fait, l’Europe, les dirigeants européens depuis 1945, à l’exception de Churchill et de de Gaulle, se sont contentés d’arrimer le Vieux Continent à la dynamique Amérique. Avec, pour résultat, la protection militaire certes, mais également l’asservissement culturel, politique, économique.
Ça se paie maintenant, la commodité d’antan.
Ça se paie au prix fort. Face à ces USA „nouveaux“, dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence, les Européens découvrent maintenant combien petite est devenue leur marge de manoeuvre. Ils sont contraints d’attendre les décisions de l’Empereur sans pouvoir les influer. Va-t-il s’arranger avec les Chinois et/ou avec les Russes pour jeter les bases des nouvelles zones d’influence stratégiques, commerciales, culturelles? Ou ira-t-il, dans sa logique d’America First, jusqu’au bout des conflits? En montrant son Big Stick? Serons-nous des soumis, resterons-nous des captifs de la société Coca-Cola?
Tout n’est peut-être pas perdu si l’Europe, rêvons un peu, l’Europe repensée et relancée par des Macron et Schulz (et beaucoup d’autres nouveaux) se donnait une vision et des objectifs répondant aux aspirations profondes des Européens: liberté, paix, progrès social, respect des cultures.
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