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A la recherche des certitudes

A la recherche des certitudes
(Tageblatt-Archiv)

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En octobre 2013, Jean-Claude Juncker et ses chrétiens-sociaux avaient la quasi-certitude de sortir assez forts des élections pour conserver le pouvoir.

Toutes les hypothèses arithmétiques excluaient cette fameuse coalition anti-CSV qui émergea parfois dans les spéculations de la presse. Or, l’inattendu se produisit: les socialistes que tous les pronostics donnaient perdants gardèrent leurs 13 députés lesquels purent dès lors former la majorité avec les 13 libéraux et les 6 verts.

Porté par une immense vague de sympathie, le nouveau gouvernement allait, crut-on, tout changer. Le pays serait aéré et dépoussiéré, une belle série de lois sociétales, dont la séparation de l’Etat et des églises, exprimerait la volonté de démocratiser le petit monde luxembourgeois, et, bien-sûr, grâce au co-leadership du LSAP, on en finirait avec cette désastreuse austérité budgétaire laquelle, s’inscrivant dans le démontage social, faisait fondre le pouvoir d’achat.

Ah! Les choses de la politique prirent un tout autre tournant. A peine installés dans leurs bureaux ministériels, les nouveaux dirigeants s’empressèrent de montrer qu’en matière de finances publiques, ils s’étaient ralliés à l’orthodoxie chrétienne-sociale. Tout doit être subordonné à l’objectif premier, qui est l’excédent budgétaire. Coûte que coûte!

D’où tiennent-ils leurs certitudes économiques et financières, ces politiques qui devraient pourtant savoir combien les experts, consultants et autres conseilleurs étaient à côté de la plaque avant et pendant la crise? Pourquoi n’obéissent-il pas au bon sens luxembourgeois qui voudrait que l’on relance aujourd’hui et non après-demain l’activité des secteurs non exportateurs: commerce, artisanat, petite industrie, services intérieurs? Pourquoi s’entêtent-ils à rogner les dépenses de consommation et de fonctionnement de l’Etat, sachant que de nombreuses PME connaîtront de ce fait les pires difficultés pour maintenir l’emploi et les investissements?

Parce qu’ils ont des certitudes du type OECD et UE, alignées sur le dogme prévalant, celui qui promet le salut après, mais seulement après les coupes budgétaires, les sacrifices sociaux, les dérégulations et les privatisations. Ces certitudes factices jettent beaucoup de gens, beaucoup trop(!) dans la vraie incertitude des lendemains.

Le refus obstiné, pour cause de certitude, de se remettre en cause, de négocier sa politique avec, par exemple, le salariat et ses représentants, le gouvernement actuel s’engage dans une voie qui le conduira tout droit à un double échec: la stabilité économique, sociale et financière du Grand-Duché sera compromise à la fin des comptes, et la coalition LSAP-DP-déi gréng, discréditée, apparaîtra telle une parenthèse dans la chronique politique.

Cela n’est pas une incertitude. Malheureusement, car tant de réformes culturelles ne sont possibles que quand le CSV est écarté des manettes.

(Alvin Sold)