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Chose faite

Chose faite
(Tageblatt)

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Depuis hier soir, c’est définitivement chose faite. Trois partis ont souscrit au programme commun élaboré par trois délégations, la répartition des responsabilités ministérielles est validée et les futurs ministres ont reçu feu vert.

Dès ce matin, un règne-record prend fin et après trente-cinq ans aux affaires, le CSV ira se ressourcer sur les bancs de l’opposition parlementaire. Restera la présence quasi assourdissante des innombrables fonctionnaires nommés par le parti chrétien-social, fidèles, sinon inféodés, auxquels les nouveaux arrivants auront (fort) affaire pour leur rappeler qu’ils sont au service de l’Etat et donc du peuple plutôt qu’à celui d’une caste. Ce ne sera pas l’unique défi de l’équipe Bettel-Schneider.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

L’héritage économico-financier est lourd; le dialogue social a quant à lui purement et simplement été étouffé. Les économies destinées à renflouer les caisses de l’Etat et à limiter les déficits l’ont souvent été au mauvais endroit, au détriment de la croissance et donc du pouvoir d’achat, ainsi qu’à celui des petites et moyennes entreprises. Si le chômage des jeunes est alarmant, le niveau des jeunes diplômés qui presteront sur le marché de l’emploi l’est tout autant, de même d’ailleurs que celui des échoués du système. L’école demeure un chantier, au même titre que l’intégration totalement ratée depuis trente ans.

Un vent nouveau

A en entendre certains, ce serait le chaos qui menacerait. Sans vouloir renier en rien les mérites de Jean-Claude Juncker qui fut un grand Européen et un premier ministre longtemps accessible et proche des préoccupations de ses concitoyens, il n’en demeure pas moins que l’heure du changement était venue.

La jeunesse l’attendait, la population active aussi. La société a évolué et les attentes sociétales sont réelles.
Or nul ne saurait jouer éternellement sur des réformes en demi-teinte destinées à ménager la chèvre et le chou. Ce qui fut le cas. Le premier ministre sortant fut jeune à son arrivée (du reste, il n’est pas vieux); Tony Blair le fut; d’autres aussi. Pourquoi donc le Luxembourg douterait-il du gouvernement en devenir, lequel, rappelons-le, ne sera pas là pour deux ou trois ans, mais pour au moins une législature? Ce qui lui confère une obligation de réussite. Oh, il y aura des bourdes, des échecs et des déceptions. C’est le cours normal de la vie professionnelle et politique. Il importe par contre que les succès soient réels et dans le double intérêt du pays et de ses habitants.

Mission impossible? Que non! A condition que quelques conditions soient réunies et tiennent lieu de règle commune:

1. La solidarité gouvernementale et parlementaire est une condition sine qua non.

2. Le dialogue social (avec les syndicats et le patronat) est indispensable.

3. L’arrogance ministérielle est à bannir, de même que l’attrait magnétique des micros et caméras.

4. L’influence des lobbies financiers, à commencer par les omnipuissants dirigeants des grandes sociétés de consulting (PwC, Deloitte, EY, KPMG) devra être réduite à portion congrue, notamment par le nouveau ministre des Finances qui désormais fait de la Politique, les corps intermédiaires devant être écoutés sans devenir une frontière entre le gouvernement et la population.

5. La liberté individuelle devra retrouver un droit de cité et être défendue dans toutes les instances européennes.

De nouvelles têtes au gouvernement, de nouvelles têtes donc au parlement et, dans le droit fil, dans neuf communes. Voilà qui est bien. Et parmi tous ceux-là, beaucoup de femmes. Disons-le sans complexes: aux nouvelles de faire preuve d’autant d’efficacité, de rigueur et de bienveillance que d’ambitions! Nul ne les acclamera simplement parce qu’elles seraient des femmes. Les hommes et femmes politiques se mesurent à leur efficacité et à leur capacité d’entendre les desiderata des citoyens. Ils œuvrent pour des gens, rien d’autre. Il leur faut donc avant toute chose être des humanistes.