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Poker menteur

Poker menteur
(AP)

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Les peuples qui démolissent les statues de leurs anciens héros sont des peuples immatures, voire des peuples sous influence.

Sinon ils seraient capables d’assumer leur passé pour mieux l’intégrer dans leur avenir. On l’a vu en Irak, on le constate en Ukraine. Une fois encore se joue une partie de poker menteur qui a été entamée en 2004. Qu’on s’en souvienne de cette même place de Kiev où poussaient, tels des champignons, des tentes chauffées servant d’abris à des manifestants équipés de chandails et d’écharpes oranges, venus d’on ne sait où.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Hier, le sponsor était Washington. Aujourd’hui, les ficelles sont tirées ailleurs. Tout le parti populaire européen (PPE) soutient les adeptes du rapprochement avec l’Union européenne. Singulière tentative de putsch contre le président ukrainien jugé trop favorable à Moscou, la véritable cible étant le Kremlin. Le Spiegel aura eu le mérite d’écrire ce qui se murmure dans beaucoup de chancelleries. Le combat engagé par Mme Merkel contre son ennemi héréditaire Vladimir Poutine sera sans merci. Quitte à prendre en otage tout un peuple. Après avoir perdu une première bataille, celle qui se veut „Chancelière de l’UE“ compte fermement sur la seconde. Et c’est dans ce but que tous les partis membres du PPE, dont le CSV, sont appelés en renfort ainsi que leurs dignitaires.

L’un des symboles de cet activisme est le boycott orchestré des Jeux olympiques de Sotchi. Il faut „punir“ Poutine.

Le respectable président Gauck est transformé en homme de paille du refus. La luxemburgo-européenne commissaire Reding, qui croit ainsi préserver ses chances et s’assurer le soutien d’„Angela“ pour devenir présidente de l’exécutif bruxellois, clame haut et fort son refus d’aller à Sotchi, pour cause d’homophobie en Russie. Bizarre? Même pas!

L’opportunisme en politique est une règle plutôt qu’une exception, dans la mesure où il sert de plan de carrière. Heureusement, le chef de la diplomatie luxembourgeoise sait tenir le cap.
Bref, les Ukrainiens sont manipulés. On leur parle des dettes faramineuses accumulées. Auprès de qui? De Moscou? De certains pays européens? Qui veut donc faire main basse sur l’Ukraine, aussi pour rentrer dans ses frais? Soutenus par l’Allemagne et d’autres pays européens qui visiblement méconnaissent la situation et ne perçoivent pas le jeu de rôles, les opposants pro-européens se battent. Ils sont nombreux, certes, à Kiev.

200.000, 300.000. Qui sait? Sur 45 millions d’habitants, ne précise-t-on pas toujours. Il fut un temps où l’Ukraine fut considérée comme le grenier de l’Europe. Depuis, on a découvert qu’elle a d’autres atouts économiques, dettes ou pas, d’où la farouche partie politique engagée pour s’en assurer le contrôle.

Quel rêve de liberté?

Si la Russie moderne ne peut pas se permettre de laisser l’oiseau s’envoler, certains Etats membres de l’UE font le même raisonnement. La vie et l’avenir des Ukrainiens importent peu aux uns et peu aux autres. Pourquoi les Ukrainiens rêvent-ils à l’Europe de 2013, une Union où l’humanisme a cédé le pas aux intérêts économiques? Croient-ils vraiment à l’ascenseur social européen?

Ignoreraient-ils ce qui arrive aux Grecs ou aux Espagnols, des Européens qui partaient pourtant sur d’autres bases que l’Ukraine au moment de leur adhésion?

Loin de nous l’idée que le devenir de la République ukrainienne serait meilleur dans une alliance économique avec la Russie. Ce qui choque est cette approche simpliste qui consiste à croire que dans l’UE, les problèmes se résoudraient un à un. Peut-être le moment est-il simplement venu de repenser l’Europe, de lui donner une dimension politique, de la construire telle que de Gaulle l’avait imaginée: de l’Atlantique à l’Oural, incluant donc naturellement la Russie.

Mais franchir ce pas semblera certainement impossible pour ceux qui vivent encore dans des schémas archaïques de „Kulturkampf“ et donc de „Machtkampf“ …