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Droit dans les yeux

Droit dans les yeux
(Tageblatt)

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En démocratie, le peuple est souverain. Ce dimanche, 7 juin 2015, les électeurs luxembourgeois ont eu la liberté de s’exprimer. Avec, comme pour tout passage devant les urnes, la possibilité d’exprimer leur opinion anonymement.

Ce qui a le mérite de dire sans ambiguïté aux dirigeants politiques ce que la majorité ressent et a quelquefois du mal à dire à voix haute, de peur d’être qualifiée de raciste ou de xénophobe.

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Avant même le scrutin, les sondages avaient parlé. Tous ceux qui le désiraient savaient quelle serait l’issue et quels en seraient les pourcentages. Pas de surprise donc.

Une enquête d’opinion que TNS Ilres avait réalisée la semaine précédant le référendum (nous la publierons tout au long de cette semaine), montre que les électeurs ne se sont pas laissé influencer. Ni par le gouvernement, ni par les partis, ni par les syndicats, ni par les associations, ni par les églises, ni par les médias, et ni par leurs proches ou leurs familles. C’est en leur âme et conscience – ou, pourquoi pas? – par le ventre, qu’ils ont tranché. Après toutefois s’être informés, en recourant massivement pour cela aux journaux traditionnels, essentiellement sur papier, ou sur les sites web des mêmes journaux.

Le non l’a largement emporté. Il indique une tendance forte et profonde dans le pays qui, justement, n’a rien de xénophobe ou de raciste, mais tout du mal-être.

Trop d’étrangers? Trop d’étrangers d’une seule et même nationalité? Trop de cohabitation forcée? Pas d’intégration ou trop peu?

Une chose est certaine: la politique a failli depuis belle lurette et avec elle, les associations trop polémiquement revendicatives.

En faisant du „politiquement correct“ une bible, en empêchant d’écouter les citoyens luxembourgeois de dire leur mal de vivre, leur angoisse d’être dominé, marginalisé, ghettoïsé, en les réduisant au silence de peur d’être montré du doigt, d’être ridiculisé, voire blâmé, les bien-pensants, soucieux de revendiquer plus de justice pour les arrivants, ont oublié qu’ils pouvaient créer un sentiment d’injustice chez les locaux.

Chaque être raisonnable et serein sait que la démographie joue en défaveur du Luxembourg. Le pays aura besoin de sang neuf tout comme il a besoin de main-d’oeuvre. Les mêmes pondérés admettent aussi que le pluriculturel est source de richesse et d’inspiration.

Mais „l’autre“, celui venu d’ailleurs, a besoin d’être apprivoisé et doit se laisser apprivoiser. La langue est un outil en l’occurrence et toute langue s’apprend, tant bien que mal. La luxembourgeoise comprise.

N’initions pas de faux débat sur la nationalité, autrement plus précieuse qu’un simple droit de vote. Réfléchissons plutôt désormais sur les moyens de couper court aux peurs ambiantes. Y compris en règlementant, par exemple au niveau communal, avec fermeté, ce qui est source permanente d’incompréhension: le bruit les week-ends, le travail au noir en soirée et en fin de semaine, la propreté des rues, les moteurs qui tournent, les hurlements alors qu’il n’y a nul besoin de crier pour parler, le voile et les barbus, bref, ces mille et unes incivilités que l’autre ne perçoit pas comme tel, parce que l’on ne parle pas de cela, n’est-ce pas?, de part et d’autre.

Un petit sourire, un bonjour, là aussi de part et d’autre, permettrait déjà d’avancer.

Reste que la société luxembourgeoise, tout le monde confondu, a désappris cela et que l’instruction publique échoue lamentablement en la matière.

Le référendum est un succès, oui!

Parce qu’il nous donne la chance d’analyser ce que ressent un Luxembourgeois qui ne veut du mal à personne et, partant de là, de construire une nouvelle société tournée vers son avenir.