Tout s’est passé très vite. Grand départ en décembre 2013 après des élections gagnées de justesse contre le CSV d’un Juncker discrédité par des affaires et des comportements lamentables, puis, coup sur coup, des mesures impopulaires, mal préparées, non discutées avec les concernés. On s’était réjoui de quelques nouvelles têtes, mais elles n’étaient hélas! pas porteuses des idées nouvelles tant attendues.
L’impression de subir, en victimes, la poursuite des politiques économiques et financières du CSV ne fut pas écartée par des initiatives heureuses, loin s’en faut. Que dire, ex post, de l’attaque en commando contre les poteaux d’éclairage des autoroutes, du désordre permanent créé dans l’enseignement par un ministre trop mobilisé contre les avantages réels et imaginaires des professeurs, de l’oreille sourde faite à l’OGBL et à la FNCTTFEL dont le soutien vaudrait bien une messe?
Et ce ne sont là que des exemples d’une action maladroite en continu, ou perçue telle, à la suite d’une communication archi-mauvaise, faussement moderne, jouant la carte des social media et du web, volatiles, inconstants, superficiels, en négligeant la source d’information et de réflexion majeure des Luxembourgeois qu’est la presse, la vraie, la presse papier.
Le désastre du référendum s’explique en partie par les désamours entre les électeurs de la coalition DP-LSAP-Gréng. Si 70 à 80 pour cent des Luxembourgeois ont refusé de suivre Bettel et Partenaires sur le chemin de la modernité, c’est que le camp traditionnel de la droite conservatrice et cléricale a été massivement renforcé par les insurgés des trois partis égarés sur la mauvaise route. Les mêmes questions, posées en mars 2014, auraient connu d’autres réponses!
Le renvoi sur les bancs de l’opposition d’au moins deux des trois champions en maladresse politique serait-il une catastrophe pour le Luxembourg?
Dans l’immédiat, non, puisque le CSV reprendrait simplement le fil de ses routines financières économiques, sociales et parfaitement en ligne avec Bruxelles. Il se donnerait les moyens pour une stratégie clientéliste apte à l’enraciner; il s’abstiendrait de pousser plus loin les réformes sociétales, mais n’en déferait aucune.
L’objectif du CSV, c’est le pouvoir pour le pouvoir. Il veut le pouvoir pour veiller à ce que l’église (les us et coutumes, les règles d’antan, les hiérarchies traditionnelles) restent bien à leur place, „dans le village“. Rassurant pour beaucoup, n’est-ce pas, après le zigzag des jeunots.
Or, les dégâts collatéraux de la faillite politique du gouvernement Bettel-Schneider sont graves. Ils consistent en un verrouillage durable de la non-alternance.
Si ceux qui pourraient être nos amis ne parviennent pas à reconquérir l’opinion publique dans les mois qui viennent, ils porteront devant l’histoire du pays la responsabilité d’une faute gravissime: celle d’avoir taillé dans le marbre le droit du CSV à diriger le Luxembourg et sa population.
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