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La dame de marbre

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Nous avons eu, en Europe, la dame de fer. Voici celle de marbre, Angela Merkel. Elle se révèle dans la bataille qu’elle livre contre la Grèce qui a osé dire non à la casse sociale.

La logique de leurs attitudes se ressemble, même si Margaret Thatcher est arrivée au pouvoir en tant qu’alter ego de Ronald Reagan, alors qu’aujourd’hui, Angela Merkel n’a rien d’un Barack Obama.

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Mais dans leurs discours, la constance de la rigidité ultralibérale est sidérante, alors qu’on sait les sacrifices qu’elle coûte aux peuples d’Europe. Il n’y a pas seulement détricotage social, il y a démantèlement. Car, même dans les pays qui croient se porter mieux que d’autres, et l’Allemagne en est, s’il y a eu assainissement économique, il s’est fait sur le dos des citoyens.

Le credo ultralibéral est ainsi fait: il met la question économique avant tout le reste. C’est-à-dire avant le social, avant le culturel, bref avant l’humain. Il fait comme si les citoyens étaient des êtres exclusivement économiques. Seulement ce qui est bon pour l’économie est bon pour l’humain, dit-il.

Or, quand il dit économie, il dit grands patrons, grands groupes financiers et spéculateurs de toutes sortes. Ceux-là mêmes, les grandes banques notamment, qui ont précipité le monde dans la crise financière. Et qui, tout en faisant un lamentable lobbying pour imposer aux gouvernements des politiques de rigidité budgétaire, ne cessent de s’enrichir.
Il ne faut pas se fatiguer de le redire: l’ultralibéralisme se nourrit de casse sociale et culturelle. Et Angela Merkel est, en Europe, son porte-parole le plus fidèle. Porte-parole d’un capitalisme globalisé et de ses lobbies qui veulent nous faire gober qu’en appauvrissant un peuple on peut l’aider à sortir de la crise.

Il a tout faux, cet ultralibéralisme-là. Les meilleurs économistes du monde le disent. On ne sauve pas un peuple en l’asphyxiant.

Mais pourquoi la dame de marbre s’acharne-t-elle tant? Parce qu’elle a menti. Elle a raconté aux Allemands que les Grecs allaient être raisonnables, que comme tout le monde ils rentreraient dans le rang. Les Allemands l’ont cru et voilà que, pour ne pas perdre la face, elle enjoint à Athènes de rembourser jusqu’au dernier cent sa dette. Tout en sachant, comme tout le monde le sait, que ce n’est pas possible.

On est là dans l’ego et l’arrogance. La contradiction n’est pas à Athènes, mais à Berlin. Elle est aussi au sein des lobbies qui, pour sauver le dogme de l’ultralibéralisme et sauvegarder leurs intérêts, sont prêts à punir sévèrement le trublion grec.

Parce qu’ils ont peur que si le discours social qu’a le gouvernement grec n’est pas stoppé net, il ne trouve, en Espagne ou ailleurs, des émules.

Mais pourquoi l’Allemagne peut-elle ainsi faire la loi en Europe? En grande partie parce que la France est prise dans une autre contradiction. Elle a à sa tête un gouvernement qui se dit socialiste et qui, pour ne pas perdre entièrement sa légitimité, devrait pencher plutôt du côté grec que de l’allemand.

Or, François Hollande, malgré ce qu’il a promis, reste entièrement prisonnier de la toile d’araignée tissée par l’ultralibéralisme, et il n’ose rien renégocier à Bruxelles. Et voilà qu’il se voit dépassé à sa gauche par un Tsipras lui donnant des leçons en matière de lutte contre le tout économique.

Il est, de ce fait, pris entre deux feux et doit faire le grand écart, en tentant de ne s’éloigner ni du credo ultralibéral, ni du discours social qu’est censé porter son parti. Il devient, par là, un maillon faible face à la chancelière allemande.

Au final, on a dans l’Union d’un côté des pays qui comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Pologne exécutent les ordres émanant de l’ultralibéralisme, de l’autre ceux qui, à l’instar de la France ou de l’Italie, s’adonnent au grand écart. Et aucun des deux ne peut ni ne veut accepter qu’émerge une vraie troisième voie. Celle qui tente de remettre l’économie au service des citoyens.