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Un nouveau monde

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Un de ces jours, un coursier nous apportera chaque matin un petit sachet de granules qui constitueront notre alimentation. Restera à développer le messager parfait, non contagieux, pour que le risque zéro devienne réalité.

Notre travail se fera à domicile, via l’ordinateur, et nous communiquerons entre humains par le biais de facebook voire de communautés réduites où nous nous épancherons, étalerons nos sentiments, dévoilerons notre intimité.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

L’avantage: il n’y aura plus de déficit de la sécurité sociale.

Le désavantage: puisque nous ne mangerons plus rien de faux, n’ayant plus accès à des boissons dangereuses, ne fumant plus ni cigares, ni cigarettes et ne pouvant même plus acheter de drogues, nous empêcherons les compagnies d’assurance de développer un marché porteur, celui de l’assurance cholestérol, diabète, cancer, etc. Quel malheur, n’est-ce pas?

Dire que même les courtiers en bourse auront du mal à spéculer, l’accès à la cocaïne (cf. Scorsese) étant impossible!

Nous lirons même nos livres – enfin, ceux qui sauront lire – sur kindle, donc rien que des best-sellers Amazon, car le papier transporte toute sorte de microbes. Ce sera „brave new world“ version XXIe siècle, moderne, hype et cool.

Ce n’est pas une caricature

Le propos, volontairement ironique, n’est pas une caricature pour autant.

Nos politiques n’étant plus des philosophes, les groupes d’intérêts pensent pour eux et gouvernent la planète.

Il est vrai que dans l’univers aseptisé en devenir, eux-mêmes ne courront plus aucun risque. On ne les chopera plus en train de tromper leur partenaire, ils n’auront ni vice, ni faiblesse, ils redeviendront raisonnables et prendront des décisions raisonnées.

Ils iront jusqu’à comprendre qu’on ne peut pas indéfiniment saigner les petites gens, que supprimer les classes moyennes est un risque majeur, que normer et réglementer revient à créer un monde sans créativité, sans capacité d’innovation, sans richesse artistique, sans poivre ni sel
et donc sans progrès.

Les Européens ne sont pas des Américains. C’est peut-être leur seule force. Peut-être trouveront-ils encore une fois le courage de provoquer une révolution qui conduira – non pas à la guillotine – mais à la décharge publique privatisée de ces monstres des temps nouveaux qui veulent imposer aux citoyens un nouveau monde en rupture totale avec notre passé historique, nos acquis et notre culture.

Tout est une question de temps finalement et de balancier.

La politique, la technocratie et les lobbies qui les conditionnent, en les flattant d’une manière ou d’une autre, sont-ils aptes à s’en rendre compte?