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Un enjeu européen

Un enjeu européen
(AFP)

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Loin de nous l’idée de vouloir réduire les présidentielles 2012 à une affaire franco-française. Incontournable partenaire européen, indispensable élément du binôme-moteur de l’Union européenne, la France pèse non seulement par ses 65 millions d’habitants, mais aussi par un rayonnement politique et culturel qui s’inscrit dans l’histoire européenne ainsi que sa vocation de terre d’asile et...

Il n’y a rien de suranné dans cette énumération dont Paris est en quelque sorte l’émanation. Paris, seule véritable capitale à l’européenne, métropole cohérente sur le plan architectural. D’où le façonnement d’un état d’esprit à nul autre pareil.
Reste qu’au terme de cinq années de sarkozysme, on a affaire à une France à l’image abîmée, une France du chômage, une France à la désindustrialisation croissante, une France au commerce extérieur défaillant, une France de la division sociale, une France endettée, une France à l’illettrisme galopant dans les milieux défavorisés et immigrés, une France où jamais en un quinquennat le „travailler plus“ n’aura permis de „gagner plus“.

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La République a, en somme, vu son aura se dévaluer, sa fierté entamée, ses forces (recherche, médecine, technologies, etc.) masquées par ses faiblesses, des faiblesses très largement dues non pas à ses citoyens, mais découlant de la personnalité et de l’inconstance de l’homme qu’elle avait élu pour avoir cru à ses slogans savamment relayés par les communicateurs et une presse de cour.

Fondamental

„Schicksalswahl für Europa“, titrait cette semaine l’hebdomadaire de qualité allemand Die Zeit (jeudi 19 avril). Oui, l’élection présidentielle française est essentielle. L’Europe ne peut pas se permettre un „moteur“, selon le terme désormais convenu, dont un des éléments serait à la traîne, sorte d’élève docile dont l’unique droit consisterait à aboyer pour mieux acquiescer ensuite.

La chancelière allemande a besoin d’un partenaire à part entière, capable de la raisonner, de la freiner, de lui expliquer que s’il est un Etat membre qui n’a pas le droit d’imposer son „Diktat“, c’est bien l’Allemagne.
Ne nous faisons pas d’illusions au terme d’une campagne aux tonalités souvent étonnantes (le trotzkiste se fit écolo, l’écologiste moraliste, le frontiste de gauche populiste): seul François Hollande pourra inverser la vapeur, même s’il est de bon ton de le décrier comme social-démocrate. Pourquoi?

Parce qu’il veut revenir aux basiques en commençant par ré-asseoir la suprématie du politique sur l’économique, alors que de par sa formation, son parcours et ses relais il en a la capacité et la crédibilité. Or ils se font rares les politiques qui osent dire que la loi du capitalisme sauvage n’est pas une fatalité, mais simplement un fait devenu réalité parce que la politique a laissé faire en abandonnant ses prérogatives, des prérogatives qui sont sa raison d’être.

Certes, les idées de chaque candidat, oublions un instant le clan Le Pen, sont respectables. Oui, Mélenchon grâce à sa verve et interprétant les Misérables de Victor Hugo bluffe les foules; oui, Eva Joly a eu un instant de grâce lors de son ultime meeting.
De là à conclure que cela pourrait suffire à diriger l’un des grands pays européens, a fortiori en période de houle économique et d’ouragan financier, il y a une inconscience à laquelle mieux vaut ne pas succomber.

Attendons de voir

Toutes les enquêtes d’opinion le montrent: rarement la versatilité de l’électorat ne fut aussi prononcée qu’en 2012. Essentiellement d’ailleurs chez les 18-35 ans. Preuve qu’il faut douter des affirmations toutes faites. Entre ceux qui souffrent, ceux qui se sentent définitivement exclus, ceux qui ont cessé d’espérer, ceux qui ont peur des lendemains et ceux qui défendent leurs acquis, il y a de quoi se méfier. Peut-être, le véritable changement est-il là, à savoir que les Français ont perdu leurs certitudes et de ce fait des repères générationnels.
Dans un pays traditionnellement conservateur, la prudence est de mise. On saura dimanche quel est le degré du rejet de Sarkozy, le degré du désir de changement, le degré de la tentation du vote protestataire, le degré de volonté de retrouver une France digne, digne d’elle-même, digne de l’attente des pays qui la regardent et qui attendent d’elle autre chose que du mépris, de la démagogie et d’un mur qui s’appellerait „Mur de Schengen“.