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Un bel acte (de citoyenneté)

Un bel acte (de citoyenneté)
(dpa)

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Une élection n’est pas un règlement de compte et l’urne n’est pas un défouloir. Elire ses représentants est le plus beau des actes citoyens et le plus noble exercice de responsabilité civile. Pourquoi?

Pouvoir voter signifie que nous vivons en démocratie; pouvoir choisir est signe que notre liberté d’expression existe. Il en découle un devoir moral considérable, à savoir l’obligation de réfléchir par nous-mêmes à ce que nous décidons et donc d’anticiper intelligemment et finement l’avenir. Car point ne servira demain de gémir: le citoyen seul est garant du résultat qui sortira des urnes le dimanche 20 octobre 2013, après 14.00 heures.
Ce n’est que depuis huit jours que le pays était véritablement en ambiance de campagne électorale. Huit petits jours où l’on sentait les différences entre les uns et les autres, leur force de caractère, leur faiblesse de personnalité, leur tempérament ou leur dynamisme. Huit jours aussi pour entrevoir où était l’usure et huit jours pour percevoir l’aptitude au renouveau, au changement, la vigueur de la jeunesse.

dfonck@tageblatt.lu

Dans un premier temps, le trop-plein masquait les évidences. Entre les récitations stalino-archaïques à la moscovite, les niaiseries sympathiques de la piraterie qui craint la houle, la phraserie des réservistes ADR du CSV et les sursauts enfumés d’un médecin à la recherche des urgences, l’électeur eut besoin de patience. D’autant qu’il lui fallait comprendre ce qu’est un Vert d’aujourd’hui, c.-à-d. un libéral de droite rigoriste ayant exceptionnellement le cœur à gauche et le portefeuille ministériel en option, et résister aux plaidoiries de l’avocat d’une Gauche dont les actes n’ont pas toujours été en concordance avec sa pensée pourtant unique. D’où la question: finalement, l’expérience, le savoir-faire, la maîtrise des concepts dans un monde hyper compliqué, ne demeurent-ils point l’apanage des partis traditionnels?

Tous les mêmes?

Non!
En votant, on fait du „trois en un“. On exprime une préférence pour des hommes/femmes, on se reconnaît plus ou moins dans un parti et, surtout, on adhère à des visions d’avenir rédigées noir sur blanc dans un programme politique. Celui qui veut agir en connaissance de cause, doit se livrer à cet exercice exigeant, s’interroger sur ce qu’il veut réellement. Tâche ingrate, faute de transparence dans l’Etat CSV qui est le nôtre depuis 35 ans.

Pour preuve la stratégie électorale du premier ministre qui, à l’écouter, peut s’allier à tout le monde. Il n’a pas de „haine“, dit-il, pas „d’ennemis“. Bien sûr que non! Car s’il veut demain tirer au mieux son épingle du jeu, il doit pouvoir jouer les uns contre les autres pour sortir la tête haute du marchandage à venir. Et dans son cas, sortir la tête haute signifie que son parti gardera le contrôle sur tout ce qui est vital au contrôle de l’Etat par le CSV. Et bien naïfs sont ceux qui l’ignorent.
Force est donc pour Jean-Claude Juncker de courtiser tout le monde. Ne faut-il pas embrasser pour mieux étreindre?

Le vrai drame pour lui et les siens serait d’être mis à l’écart, de se retrouver dans un cas de figure semblable à celui de 1974. Imaginons une petite minute ce qu’impliquerait une coalition sans CSV. Ce serait la fin d’un monopole, l’impossibilité de tout contrôler par le biais de grands et moyens commis de l’Etat mis en place par les chrétiens-sociaux; ce serait la perte d’influence des réseaux créés: LCGB, Caritas, clans et cercles, clubs et think tanks, médias proches et médias sous contrôle via contrats et conventions. Bref, une vraie menace pour les patrons du CSV, l’Evêque et ses émissaires, menace autant culturelle que financière. Force est donc „d’aimer“ les Verts et d’aimer les Bleus (avec lesquels on a déjà discuté de ministères et de secrétaires d’Etat) pour les attirer dans les filets tels des sardines. Force est même d’aimer les Rouges qui peuvent servir de moyen de pression si, par miracle, les Bleus se montreraient trop goinfres …

A ces non-dits, le citoyen doit réfléchir également avant d’apposer ses petites croix sur son bulletin de vote. Car lui seul peut infléchir le cours des choses et faire en sorte que le Luxembourg sorte d’un marasme au moins autant moral qu’économique. Se rappellera-t-il que de temps en temps, ce n’est pas un luxe, mais un besoin vital que de respirer de l’air frais, de sentir la brise sur sa peau, de se détendre et, qui sait, de croire que la vie peut être plus légère?