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UE: une dernière chance

UE: une dernière chance

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Il n’y a pas si longtemps que cela, on nous prédisait un baril de pétrole à 200 euros. Il est en dessous de 50. N’est-ce pas une chance pour l’Europe?

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Il n’y a pas si longtemps que cela, l’Euro atteignait des records face au dollar. Aujourd’hui, il est au plus bas. N’est-ce pas une chance pour l’Europe?

Il n’y a pas si longtemps que cela, la Banque centrale refusait tout assouplissement monétaire et contribuait à étouffer la relance. Elle a promis de faire désormais marcher comme jamais la planche à billets, pour racheter notamment les dettes des Etats. N’est-ce pas une chance pour l’Europe?

Voilà des indicateurs économiques qui devraient rendre le sourire à nos dirigeants politiques. A ceux, en tout cas, qui ne croient pas ou plus au dogme infaillible de la rigueur budgétaire si chère à Angela Merkel. Et c’est une autre bonne nouvelle pour l’Union européenne: la chancelière commence à être isolée parmi ses pairs.

Car ce qui a été oublié, depuis au moins 2008, c’est-à-dire depuis qu’importée des Etats-Unis, la crise systémique a fait trembler le Vieux continent, c’est de penser une Europe qui soit au service de ses citoyens. Cela a été tellement oublié que la majorité des habitants de l’Union ont cessé de croire au rêve européen. Pire, ils croient même, les citoyens européens, que l’Europe leur veut du mal.

Et pourquoi croient-ils cela?

Parce que les réponses proposées par les différents gouvernements ont tout simplement fait l’impasse sur les volets sociaux de la lutte contre la crise. Nos dirigeants ont cru comme en un dogme aux pronostics et diktats des agences de notation, fidèles serviteurs des marchés dominés par le capitalisme financier. Et se sont laissé attirer dans la spirale de la tentation des réformes ultra-libérales.

Le résultat est on ne peut plus visible. Les riches, c’est-à-dire les financiers et les grands groupes, se sont enrichis, les populations se sont appauvries. La crise a tout simplement servi à fragiliser les citoyens, les classes moyennes et populaires, surtout. S’est installée une courbe du chômage et de la précarité qui, si elle n’est pas inversée, mène tout droit au désespoir et à toutes les dérives politiques qu’il nourrit.

Le rejet de l’Europe par ses citoyens n’en est que la pointe de l’iceberg. Dessous se profilent le repli nationaliste et toutes les intolérances qu’il véhicule.

L’heure est donc venue de dire stop à tout cela.

Le mal ne vient-il pas justement du fait que les partis censés défendre les intérêts des classes populaires ont failli à leur mission, trop zélés qu’ils ont été à se laisser embobiner eux aussi, dans les pays où ils sont arrivés aux manettes du pouvoir, par le dogme ultra-libéral? Comme si quiconque pouvait se passer des classes moyennes.

On sent que le vent est en train de tourner. La victoire de Syriza, en Grèce, nous le dit. Voilà un parti qui, dans un pays meurtri où l’aide venue de l’Europe et du FMI a certes renfloué les banques mais a enfoncé en même temps le peuple dans la misère, voilà un parti qui ose dire non aux diktats de Bruxelles et des marchés, et qui est, comme la social-démocratie d’antan, porté par les classes moyennes et populaires.

Voilà un peuple qui retrouve un représentant digne de lui, un représentant qui croit en l’Europe, à condition que celle-ci réoriente toutes ses priorités vers le bien-être de ses citoyens.

C’est la chance de l’Europe, la dernière peut-être …