Voilà pourquoi le scandale du nouvel aéroport de Berlin, qui devrait enfin doter la capitale d’une installation digne de ce nom, surprend. Dire qu’à huit jours de l’inauguration il faille repousser l’ouverture à 2013 pour un projet qui aura coûté quasiment l’équivalent du budget de l’Etat luxembourgeois. Voilà qui devrait donner à réfléchir à ceux qui aiment les stéréotypes.
Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
C’est le même jour où la chancelière a reçu cette triste information que le nouveau gouvernement Ayrault s’est réuni au grand complet à l’Elysée pour son premier conseil sous la présidence de François Hollande.
La „photo de famille“ est l’expression du changement, non seulement par la diversité qu’elle montre, mais aussi parce que parité il y a, une parité axée sur la compétence et par le renouvellement évident. Oui, il y a enfin de nouvelles têtes, des femmes et des hommes qui n’auront de cesse de bien faire tout en inventant d’autres méthodes, un autre style, une autre approche, tout simplement parce qu’ils sont là pour la première fois, ne sont pas coulés dans le moule de l’administration et n’échangent pas simplement un ministère au gré d’un remaniement. Certes, d’aucuns prétendent que cela ne durera pas. Attendons avant de préjuger. Car si le président Hollande sait qu’il sera jugé sur ses promesses et dès lors, le fait d’avoir obligé ses ministres à signer une charte déontologique n’a rien de démagogique. Trop d’affaires à droite comme à gauche ont terni au fil des décennies l’image du politique et par conséquent, un retour à la normalité comme à l’ère de Gaulle est le bienvenu.
Logique donc ce symbole de la réduction des salaires du chef de l’Etat et de son équipe. Oh, moins de 30% sur les traitements ministériels ne sauveront pas la France. Mais les gestes forts ont une portée et on peut se dire qu’avec 10.000 ou 13.000 euros, des politiques par ailleurs logés aux frais de la République, peuvent vivre très correctement.
Un héritage peu banal
Le président Hollande et son gouvernement auront fort affaire. Il y a la dette publique qui devra être réduite, la désindustrialisation grandissante dans l’Hexagone, la situation économique précaire dans les DOM-TOM, les salaires et les retraites généralement médiocres non seulement chez les ouvriers, mais également des classes moyennes, la précarisation des emplois, les fermetures d’usines à prévoir, le chômage des jeunes, la détresse des banlieues.
Enumération incomplète, tant la liste des problèmes à résoudre est longue, preuve que l’UMP et sa „guest star“ à l’Elysée, Nicolas Sarkozy, n’ont pas été aussi efficaces qu’elles le prétendent.
Autant de difficultés qui devront trouver des solutions au moins partielles et qui se jouent sur toile de fond de crise économique et d’instabilité internationale.
Et là encore, ni Hollande ni Ayrault ne peuvent être tenus pour responsables. Car toutes ces dernières années, ce sont des dirigeants presque exclusivement de droite qui ont imprimé leur marque à l’UE. Ce sont eux qui sont responsables de la tournure des événements en Grèce, eux qui ont contribué à créer un climat anti-terroriste en Italie, eux qui imposent à l’Espagne et au Portugal une austérité à laquelle une vache ou un taureau ne résisteraient pas …
Qui peut croire, en prenant le mot croissance pour une injure, qu’un citoyen peut vivre en Europe avec 700, 800, 900 euros par mois? Alors, comment expliquer que l’on ose abaisser des revenus de 700 euros à 500?
Il y a, depuis un bon moment, quelque chose qui déraille sur notre beau continent et il est heureux que l’on voit arriver, dans un grand pays au moins, des femmes et des hommes qui croient encore à leur capacité de changer le cours des choses et qui ont la volonté et la force de se battre pour cela.
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