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Simple question de bon sens

Simple question de bon sens

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Il ne faut pas être le plus lumineux des experts pour savoir que si l’on a moins d’argent dans les poches, on ne peut pas en dépenser plus.

C’est pourtant ce que veulent nous faire croire tous ceux qui ont inscrit les mots rigueur et austérité sur leur drapeau.
On dit donc que les salariés gagnent trop, qu’ils ne travaillent pas assez, qu’ils coûtent cher en termes de santé
et d’éducation. Et on grignote petit à petit leur pouvoir d’achat.
Et voilà qu’est mise en branle une spirale qui, au lieu de servir de remède, approfondit la maladie. Les gens, fragilisés, ont pour premier réflexe de se protéger. Ils dépensent donc moins, consomment moins. Ce qui fragilise à leur tour les entreprises qui ne parviennent plus à écouler tout ce qu’elles produisent. Cela les force à se séparer d’une partie de leurs salariés qui rejoignent les régiments de chômeurs qui ne cessent de grossir.
Mais plus il y a de chômeurs, moins les biens de consommation sont consommés. C’est le bon sens qui le dit. La spirale de la rigueur et de l’austérité est une machine d’appauvrissement des gens et de destruction industrielle à la fois.
Pourquoi, alors que tout un chacun sait cela, les gouvernements nationaux européens et la centrale bruxelloise de l’Union font-ils mine de l’ignorer? Pourquoi font-ils comme s’ils ne savaient pas que si le chômage augmente, les recettes des Etats diminuent, car non seulement il y a un manque fiscal à gagner, mais il faut débourser pour indemniser toute cette armée jetée à la rue. Ce qui, par ricochet, signifie des coupes budgétaires, afin que les comptes publics ne soient pas trop déséquilibrés, parce que cela, Bruxelles le sanctionne aussi. Des coupes budgétaires accompagnées de la vente des bijoux de famille que sont le peu d’entreprises qui restent encore dans le secteur public.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Un gros mensonge

C’est là, au millimètre près, l’application du programme ultralibéral inventé en Europe par la très peu européenne Margaret Thatcher. Miser tout sur le secteur privé et le marché débridé, avec, pour credo, une foi aveugle dans les mécanismes du marché qui, sans intervention extérieure, oeuvreraient seuls pour le bien du système. Il y a, dans un tel credo, une capitulation sans conditions des gouvernements quant à la marche de l’économie. Celui qui règne, c’est le marché, les dirigeants politiques en étant réduits à imposer des réformes garantissant son bon fonctionnement.
Le mensonge est gros. Quand les ultralibéraux parlent de liberté du marché, ils oublient de dire que, si la sphère politique doit s’abstenir de le réguler, il y en a bien qui interviennent à ce qu’il tourne comme il tourne aujourd’hui. Car, alors qu’on voudrait nous faire croire que le marché serait son seul maître et qu’il distribuerait sa manne au gré de l’offre et de la demande, en réalité, c’est la sphère financière qui l’oriente vers ses propres intérêts.
La preuve: aujourd’hui, même les grands groupes qui font de gros bénéfices s’attaquent aux salaires et aux emplois. Et ces mêmes grands groupes peuvent du jour au lendemain être boudés par les investisseurs et donc entrer en difficultés, non parce qu’ils seraient devenus moins compétitifs, mais parce que pour la sphère financière, il est plus aisé et plus rapide de faire de l’argent ailleurs.
Notre système économique n’est plus basé sur la production de biens de consommation, mais sur la fructification de l’argent par de l’argent. Cela secoue artificiellement le marché. Il n’est presque plus animé que par le gain financier direct qui ne passe plus par la case de l’économie réelle.
C’est cela qui fait souffrir les gens. Que l’économie réelle ne soit plus que quantité négligeable pour le marché. Toute la question est alors de savoir jusqu’à quel degré la souffrance populaire est supportable. Partout on voit que les gens n’en peuvent plus. Pour cela non plus, il ne faut pas être un grand expert. Et que fera-t-on quand la colère, encore étouffée aujourd’hui, éclatera au grand jour?