La politique communale doit concevoir la ville selon les besoins et les aspirations du plus grand nombre et non dans l’intérêt d’une minorité de privilégiés. Cette évidence ou „loi naturelle“ en politique n’a pourtant plus d’emprise sur les décisions de l’actuelle majorité au sein du Conseil communal de la Ville de Luxembourg, tellement elle en excepte une large partie de ses concitoyens.
Les deux thèmes ayant dominé la campagne électorale, le logement et la sécurité, reflètent cette conception élitiste de l’exercice du pouvoir. Depuis des années, ces problématiques demeurent en souffrance, d’une part en raison de l’inaction de la majorité, d’autre part en raison de son excès de zèle.
En effet, l’empressement du parti libéral aux commandes de la Ville depuis plus d’un siècle (exception faite d’un interlude de 1963 à 1969) à s’attaquer conséquemment à la pénurie de logements, qui ne date pourtant pas d’hier, est faible pour le dire gentiment. A peine 30 millions d’euros investis chaque année pour renouveler et développer le parc immobilier de la commune, seule mesure à même d’influencer tant soit peu l’évolution effrénée des prix du logement.
Pendant plus de vingt ans, la bourgmestre Lydie Polfer aura coupé une ribambelle de rubans aux couleurs nationales à l’occasion des premiers coups de pelle de projets faisant la part belle aux promoteurs et aux spéculateurs immobiliers, ce au détriment d’un nombre croissant de la population de plus en plus démunie face à des prix du logement devenue hors de portée.
L’héritage ainsi légué aux générations futures s’apparente à de la ségrégation urbaine. Preuve également de la démission des libéraux dans la conception de la ville comme espace du vivre-ensemble et de mixité sociale.
Le logement est un besoin de première nécessité, primordial à l’inclusion sociale. Il revient au Conseil communal de mettre en place une véritable politique d’insertion par le logement. Reconnaissant qu’il s’agit là d’une priorité absolue, les socialistes ont proposé (proposition reprise d’ailleurs depuis par le DP et d’autres partis) d’investir au moins 100 millions d’euros par année dans le logement abordable en puisant dans les réserves de plus d’un milliard d’euros de la Ville qui aujourd’hui dorment sur un compte en banque.
La situation conjoncturelle est propice à un tel effort et le nouveau Conseil échevinal devra s’y atteler prioritairement, à l’image du ministère du Logement qui compte mobiliser le Fonds spécial de soutien au développement du logement pour racheter des projets immobiliers dont l’achèvement est aujourd’hui compromis.
Alors que le DP semble adepte du précepte reaganien „Government is not the solution, it is the problem“ dans le domaine du logement, il fait preuve d’un zèle déplacé quand il s’agit de s’attaquer à la criminalité.
Certains partis, traditionnellement de droite, redécouvrent avant chaque élection le problème de l’insécurité. Le phénomène étant requalifié en „sentiment d’insécurité“, concept propice à justifier tous les excès, lorsque les statistiques, pourtant malléables à souhait, font défaut.
Partout dans le monde, l’urbanisation croît et se mondialise. La criminalité accompagnant ce phénomène devient plus complexe et polymorphe. Faire patrouiller des agents de sécurité privée ne changera rien à cette réalité et la création proposée aussi bien par le DP que le CSV et l’ADR d’une police municipale ne produira pas de panacée. Les acteurs du terrain s’accordent d’ailleurs pour constater que la fusion Gendarmerie-Police réalisée en 1999 a rationalisé, amplifié et concentré les moyens policiers dans notre pays.
A court d’idées, la majorité a entrepris de s’attaquer aux mendiants en promettant de les effacer du paysage de la Ville à coups d’interdictions inapplicables en pratique, mais surtout contraires aux Droits fondamentaux.
Les socialistes sont tout à fait conscients des enjeux de la problématique sécuritaire, mais souhaitent offrir aux citoyens de la ville des solutions viables et efficaces. Aux démagogies, nous préférons une politique holistique incluant l’encadrement social, la prévention et la répression. A l’indifférence, une politique humaine et digne.
* Les auteurs sont candidats du LSAP à Luxembourg-ville
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