Elles aident les gouvernements à attirer sur le territoire national des banques étrangères, plus rarement des industries, et conseillent celles-ci à payer un minimum d’impôts. En toute légalité s’entend, car ce sont des personnes éminemment respectables qui sont à l’œuvre, forcément.
Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Quelquefois, elles se font piquer leurs données et alors, c’est l’Etat concerné qui est éclaboussé, le pays et ses citoyens donc, bien plus que les auditeurs. Eux, les politiques les écoutent et plus encore qu’eux, leurs conseillers. Car dans cet univers-là, on se fréquente, on s’influence, on prépare des dossiers de sorte que les ministres n’aient pas à les lire, à l’exception de la „bottom line“. Les explications verbales du genre si particulier que constituent les conseillers leur suffisent généralement.
A force de fonctionner ainsi, le politique finit par oublier que lui seul est responsable. Il ne se méfie plus du jeu d’influence et va jusqu’à ignorer les jeux de l’intérêt, le conseiller œuvrant souvent à des sujets sur lesquels sa neutralité, voire son indépendance est entachée par le fait qu’il siège aussi dans tel ou tel autre conseil d’administration. Histoire de représenter l’Etat et histoire de bonifier sa faible paie. Les indemnités, soit dit en passant, ne sont pas reversées au trésor public, mais vont dans sa poche, bien qu’il ne siège ni la nuit ni pendant ses loisirs dominicaux …
Beaucoup – précisons qu’il y a des exceptions à la règle – ont deux particularités: la première – on l’a vu – consiste à côtoyer toujours le même milieu; la seconde est de rester accroché à des schémas appris et jamais actualisés.
Prenons l’hôpital. On sait que les populations, ici comme ailleurs, aimeraient toutes disposer de leur hôpital de proximité. Mais toutes les études, toutes les statistiques, toutes les enquêtes scientifiques prouvent qu’il existe une masse critique pour qu’un établissement hospitalier puisse fonctionner de manière optimale, disposer de cas d’école suffisants, pratiquer la chirurgie au plus haut niveau, établir des contacts avec les meilleurs établissements étrangers et les universités et centres de recherche les plus pointus.
Que fait-on au Luxembourg, pays de la dimension géographique d’une sous-préfecture française? On se paie le luxe d’opérer en tous genres sur trop de sites, de faire des traitements complexes dans quasiment tous les établissements, alors qu’une seule grande entité serait garante d’efficacité et d’excellence.
Que l’on construise enfin un nouvel hôpital à Esch est souhaitable, de même qu’un nouveau CHL. Pour des raisons de modernité des structures et d’infrastructures, peut-être plus encore pour des raisons de sécurité sanitaire. Car plus un centre médical et ses OP sont anciens, plus les bacilles en tous genres y pullulent. Ceci étant, 400 lits ici et 400 là-bas, cela en fait 800. Admettons que c’en seraient 500 et 500. En les additionnant, la masse critique actuellement idéale serait atteinte.
Le politique est inséparable de l’électoralisme tant que la durée des mandats ne sera pas limitée. Il décidera nécessairement en prenant en compte les émotions locales. Le conseiller ne l’en fera pas démordre. Car ses éminences grises à lui sont les copains des copains de la réception du copain rencontré au dîner du copain …
Limpide, n’est-ce pas?
Et c’est ainsi que s’explique le pourquoi du comment. Voilà pourquoi il faut trente ans pour construire la route du Nord, deux ans pour poser des tuyaux sur 500 mètres de rue. Pour cela aussi que des fonds publics servent à financer des cliniques privées et que l’on fait croire au bon peuple qu’il faut de la rigueur à défaut d’austérité, que l’Etat doit se restreindre et grappiller 0,5% ici, 0,4 là, mettre en péril jusqu’aux fondements de la démocratie. Lequel Etat n’a pas vu venir, en dépit des conseils avisés des conseillers aussi spéciaux que spécialisés, que les recettes publiques ont une fois encore connu une croissance non pas de 2% annoncés pour 2013, mais de 29% (vingt-neuf en toutes lettres).
De qui se moque-t-on?
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