Le simple fait de rédiger un „document de compromis“ – encore un! – témoigne de leur manque de sagesse et de leur incapacité de trancher. Chacun sait que l’Europe est en crise. Une crise grave, car une crise politique. Pourquoi?
Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Depuis une bonne dizaine d’années au moins, il était prévisible que le néolibéralisme et le néocapitalisme débridés des années 80 aboutiraient à une catastrophe économique. L’argent facile était partout; les „golden boys“ furent les rois nouveaux, héros grotesques d’un monde en déperdition car sans valeurs philosophiques. Le règne des télévisions avait fini par convaincre – bien avant l’ère du web – les plus modestes qu’ils seraient riches un jour à force de jouer, de spéculer avec leur maigre pécule. Il fallait vaille que vaille soutenir les thèses de ceux qui prétendaient que seul „le marché“ était la clé de l’ascension sociale.
Le livret d’épargne devint dépôt, l’épargne fut quant à elle investie dans des fonds de pension. Ah, les dividendes miracles seulement réalisables en exigeant des entreprises des bénéfices sans cesse accrus et donc une productivité „optimale“ atteinte grâce à son lot de licenciements. En vérité, la collectivité, car l’Etat c’est elle, dut payer le chômage et continue de le faire tandis que l’Etat, cette fois par le biais des gouvernements, découvrit qu’il fallait se montrer plus économe en coupant dans les dépenses publiques, à commencer par les prestations sociales.
Quelle ironie du sort!
Grave désillusion
Tandis qu’un tout petit nombre s’enrichit, la majorité silencieuse se verra pressée comme un citron et, peureuse, n’ose même pas protester. Lâche, car courtisée par les lobbies, la politique a laissé faire. Faible, car impressionnée par de soi-disants „winners“, la politique a échoué dans sa plus noble mission, à savoir servir, servir la communauté des citoyens.
Aujourd’hui, le désastre financier est parfait. Si parfait que le denier public doit sauver les banques, alors que les riches sont devenus si riches qu’ils ne savent même plus où investir.
Si M. Soros plaide pour une relance par la croissance, c’est qu’il a besoin de nouveaux marchés sur lesquels investir. D’où l’étrange contexte actuel où les vrais puissants du monde exigent des politiques de croissance tandis que Bruxelles, à la demande de l’Allemagne et de ses alliés, continue de plaider l’austérité, la rigueur budgétaire toute, l’intégration budgétaire même et considère les euro-obligations (indispensables) comme un caprice qu’on pourrait satisfaire à … moyen terme.
Les „sages“ auteurs du papier présenté savent-ils ce que signifie le chômage des jeunes? Savent-ils ce que dit vraiment un Cameron quand il ose plaider qu’un „malade de longue durée“ doit prouver sa maladie? Qu’il demande, par exemple, à celui ou celle qui souffre d’un cancer, qui est sous chimiothérapie, de „prouver“ sa maladie? Tant de cynisme mérite-t-il réellement le respect? Peut-on s’embrasser, se serrer la main au sommet quand de pareilles ignominies sont publiquement proférées?
Où est la morale, où est l’éthique? Et quel exemple pour des jeunes qu’on condamne à „l’Hôtel maman“ jusqu’à quarante ans?
La „feuille de route“ des „sages“ pour l’UE! Ils sollicitent un plus large soutien de l’opinion publique. Pas si sûr qu’ils l’auront si leur unique recette consiste à se faire les avocats du diktat allemand.
Les vrais Européens ont aspiré depuis longtemps à une Union politique. Rien à voir avec ce que veut Berlin qui pollue et pervertit le terme d’Union politique.
A la lecture du document des quatre conservateurs que sont Barroso, Van Rompuy, Draghi et Juncker, on se dit qu’il faut désormais défendre prioritairement la souveraineté nationale en lieu et place du faux fédéralisme affiché et qui ne ressemble plus en rien à cette Union fédérale à laquelle on pouvait rêver du temps du tandem Kohl-Mitterrand.
Les neiges d’antan se sont transformées en boue nauséabonde
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