Là même où, un demi-siècle auparavant, le 7 mars 1965, la police avait matraqué sans ménagement des manifestants afro-américains s’apprêtant à marcher pacifiquement, en habits du dimanche, avec femmes et enfants, de Selma à Montgomery, la capitale de l’Alabama.
" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Deux semaines après ces événements, Martin Luther King organisait, après plusieurs tentatives, une seconde marche, partant de nouveau de Selma pour rejoindre de nouveau Montgomery. La même année, le président Lyndon B. Johnson accordait le droit de vote aux Noirs.
Cela s’est passé de notre vivant, dans ce XXe siècle qui nous a habitués à tant d’atrocités, et qui se permettait, au sanctuaire même des libertés et de la démocratie qu’étaient les Etats-Unis, de considérer les Noirs comme des citoyens de race inférieure. Beaucoup d’eau a, depuis, coulé sous le pont Pettus, et bien des choses ont changé, mais lorsque Obama, qui a participé à la marche commémorative du 7 mars, a évoqué «l’ombre de l’histoire raciale», bien des marcheurs se sont dit qu’elle n’a pas disparu, cette ombre, qu’elle continue d’assombrir le pays.
Car, si désormais, les Afro-Américains ont le droit de vote, droit dont ils on profité pour contribuer à porter un des leurs à la Maison Blanche, le racisme ne s’est pas éteint au cours des décennies qui ont suivi le «Bloody Sunday» de Selma. Cinquante ans après, un Noir reste bien plus suspect qu’un Blanc. L’ombre du racisme ne fait pas que planer par au-dessus des Etats-Unis, elle descend tous les jours dans les rues.
Oh, les Etats-Unis n’ont pas le monopole du racisme. Considérer d’autres humains inférieurs aux Blancs que nous sommes est un sport auquel on s’adonne un peu partout, ceci alors que les scientifiques ont prouvé que le concept de race est génétiquement inopérable. Or, même s’il est su qu’il n’existe qu’une seule race humaine, on persévère à considérer tout ce qui est non Blanc comme inférieur, et à le traiter ainsi.
On ne le dit pas partout ouvertement, …
Il n’y a que dans l’extrême droite où l’on n’a pas peur de nommer un chat un chat. Et comme de ce côté-là on a la cote électorale, cela prouve que ce qui est dit à haute voix par les tribuns du Front national, d’Aube dorée, de la Ligue du Nord et autres Pegida résonne comme une vérité dans de nombreuses têtes aujourd’hui.
Question: si aux Etats-Unis la haine des Noirs est historique, les Blancs n’ayant pas encore digéré la fin de l’esclavage, comment se fait-il que dans nos contrées, les partis qui prônent ouvertement
la xénophobie aient, aujourd’hui, le vent en poupe?
Il ne faut pas être fin spécialiste pour comprendre que ce qui a changé en Europe, c’est la situation sociale des citoyens. Les politiques de rigueur ont déstabilisé, fragilisé, apeuré les populations. Et continuent de le faire.
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