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L’Europe qui n’est pas

L’Europe qui n’est pas
(AFP/Aris Messinis)

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Des millions de gens rêvent de l’Europe en Orient, en Afrique, en Asie; des centaines de milliers cherchent à la rejoindre par tous les moyens possibles, acceptant des sacrifices et des peines incroyables, sûrs et certains qu’ils pourront décemment vivre chez nous, parmi nous, qu’ils auront de l’aide, une maison, un travail et, pourquoi pas, le bonheur.

D’ailleurs, le Paradis ne se trouve-t-il pas au coeur de ce vieux continent où tous les hommes sont libres et égaux?
Le Paradis qui a pour nom Allemagne, où règnent la prospérité, la générosité, l’hospitalité? Un Paradis entouré d’autres pays, un peu moins prospères, un peu moins généreux, un peu moins hospitaliers, mais encore fort attrayants pour qui a connu la guerre et la terreur, vu brûler la maison et la ville, entendu le fracas des bombes, pleuré ses proches tués, torturés, mutilés.

A l’heure qu’il est, nul ne saurait prédire les conséquences politiques, sociales et culturelles de l’arrivée de tous ces gens qui cherchent refuge et salut. Comme personne dans les hautes sphères ne s’attendait à un problème d’une telle ampleur (on pensait volontiers à Berlin, Londres et Paris que seules la Grèce et l’Italie, et marginalement l’Espagne étaient concernées), tout se passe maintenant dans l’improvisation la plus totale et la désunion la plus complète.

Aux nombreux échecs qui découlent des égoïsmes nationaux, de la médiocrité de la plupart des gouvernements et surtout de la confiance complice faite aux „marchés“ financiers s’ajoute maintenant, au plus mauvais moment possible, l’aubaine offerte à l’extrême droite, laquelle sait habilement exploiter la xénophobie latente, grosse du chômage et de la pauvreté indécents.

L’Europe de Juncker, celle qui s’est trop intéressée aux affaires des grosses boîtes et pas assez aux soucis des petites gens, est devenue dangereusement impopulaire. Si les Britanniques la quittent, d’autres les envieront, et les tendances centrifuges paralyseront l’intégration pourtant nécessaire.

Alors, approchons-nous de la fin de ce qui fut une aventure passionnante et prometteuse au lendemain de la guerre? C’est possible. Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil sur la liste des 210 causes de chute de Rome, relevées par l’historien Alexander Demandt: les principaux griefs pouvant être formulés contre „Bruxelles“ nous sont tellement familiers!
Comme l’exploitation sociale, la bureaucratie, la religion, la dépolitisation, l’impérialisme, le défaut d’intégration, le capitalisme, le conservatisme, le matérialisme moral, la pression fiscale, la résignation, la barbarie, les crises de légitimité, la faiblesse des dirigeants, les jeux, l’hypertrophie, l’urbanisation excessive, le paupérisme, l’hédonisme, etc, etc.

Attention: l’Histoire se répète souvent!