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Légitimité

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En 1981, la droite française avait violemment contesté la légitimité de François Mitterrand.

Pourtant, comme le rappelle à bon escient le directeur du Crisp, Vincent de Coorebyter (cf. Le Soir 13/3/12), il n’y a pas plus limpide comme scrutin que l’élection présidentielle, parce qu’elle repose sur deux principes simples, à savoir qu’une voix est une voix et que le candidat qui remporte la majorité est élu.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Il n’y a donc pas lieu de chercher un sens au vote du citoyen, pas lieu d’analyser s’il s’agit d’un vote de raison, de désaveu, de l’émotion, de la passion. L’élu(e) est légitime et peu importent les raisons qui ont conduit à son succès au terme d’un second tour forcément conditionné par les reports de voix du premier.

La présidentielle française ne serait-elle donc plus, pour paraphraser le général de Gaulle, „la rencontre d’un homme et d’un peuple“?

Si oui, Nicolas Sarkozy aurait été le miroir du peuple français entre 2007 et 2012. Fut-ce le cas? En partie oui, en partie non.

De la même manière, s’il était réélu, cela signifierait-il que la France, dans sa large majorité, se situerait désormais sur les extrêmes de la droite, privilégierait une Europe des frontières, une Europe protectionniste qui, par ricochet, se pénaliserait elle-même en pénalisant ses exportations vers les Etats-Unis, le Japon, la Chine?

Eh bien là encore, la réponse est double.

A l’inverse, cela vaut pour François Hollande, représentant d’une philosophie politique différente dans laquelle une partie de son électorat se retrouve, alors qu’une autre partie de ses électeurs auront simplement voulu en finir avec cinq ans de sarkozisme, c’est-à-dire de contradictions, d’affirmations péremptoires, de clivage accentué de la société et, surtout, cinq longues années d’un appauvrissement des classes moyennes et de fragilisation aggravée des plus modestes.

Ce qui devra changer

Blanc bonnet et bonnet blanc, voilà des paroles qu’on entend ici et là. Est-ce à dire que voter Hollande ou Sarkozy serait neutre?

Non, évidemment.

On ne saurait faire abstraction de la personnalité d’un homme dans un scrutin aussi important. Or, nul n’est plus différent qu’un Sarkozy et un Hollande. Si le premier est énergique, nerveux, dynamique, carriériste, ambitieux sur le plan personnel car fragilisé par une enfance et une adolescence qu’il avoue lui-même frustrante, revanchard (Villepin en sait quelque chose …), égocentrique, mesquin, l’autre est raisonné, ferme, cohérent sur le long terme, épanoui, plein d’humour, généreux, équilibré, cultivé.

Le premier fait écrire ses discours par Henri Guaino; le second écrit les siens. NS brille souvent par l’intelligence de son entourage; FH est brillant et ses détracteurs ne peuvent pas le nier.

Le sortant est un produit de la société de Neuilly; le prétendant est un enraciné de la France profonde qui n’ignore rien du jeu politique parisien et du lobbying des milieux financiers parisianistes.

Hollande veut que son pays redevienne ce qu’il fut, c’est-à-dire une France dont la voix pèse en Europe et dans le monde sans pour autant éprouver le moindre sentiment de mépris pour ses partenaires européens grands ou petits.

Sarkozy a cinq années durant dédaigné, voire agressé les prétendus „petits et moyens“, n’avait d’yeux que pour Berlin et Londres sans jamais réussir à avoir le moindre ascendant sur Merkel ou Cameron.

Sommets de parade, verbiage, marketing: ce fut la recette.

Le résultat? Une France que son successeur devra reconstruire péniblement.