Il paie ses impôts rubis sur ongle et imagine mal qu’on puisse faire des «rabais» aux giga-sociétés de la planète. Toutefois est-il dommage et quelque part sidérant de constater à quel point la collectivité nationale est désormais incapable de faire la part des choses et d’inscrire des faits réels dans un contexte historique. Mais l’histoire exige le temps, celui de lire ou relire, ce fameux temps dont nous ne disposons plus dans nos sociétés de loisirs immédiats. Plaisirs de l’instant que nous pouvons nous offrir, parce que le niveau de vie général le permet, au plus grand nombre.
" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Seulement voilà: puisque les grands de cette terre ont jadis conféré au Luxembourg un statut, une indépendance, une souveraineté, sans réfléchir à ses possibilités de survie économique (à l’époque du Traité de Londres, le pays fut pauvre comme Job), force est pour tous d’admettre que le petit Grand-Duché a besoin de mettre à profit des créneaux, des niches, des exceptions que lui permet très légalement sa souveraineté. Avec sa seule morale et la plus haute éthique possible pour seuls atouts, les Luxembourgeois crèveraient de faim et les frontaliers resteraient au chômage chez eux.
Oh, ce n’est pas très élégant que de le dire ainsi. Ce n’en est pas moins vrai. Et d’ailleurs, tout le monde profite sur le dos d’autrui. Exemple: on produit plus que l’on ne consomme. On exporte par conséquent et celui qui importe ne fait plus produire dans son pays …
Combien d’argent la place financière de Londres a-t-elle gagné ces dernières années avec quelles méthodes? Pourquoi le tax ruling néerlandais serait-il plus propre que le luxembourgeois? Pourquoi enfin les Américains protègent-ils soigneusement le Delaware tout en nous faisant la leçon? Parce qu’ils ont compris que l’argent reste au pays, alors que l’Union européenne, plus délétère que jamais, fait tout pour faire fuir l’argent européen hors d’Europe?
Le Luxembourg est attaqué parce qu’il n’a plus su être discret politiquement ces dernières années. Il l’est parce que Jean-Claude Juncker, de concert avec l’Allemand Schulz, s’est imposé comme président de la Commission avec l’appui du Parlement européen et contre la volonté du Conseil qui s’est senti trahi par un ex-pair et a détesté qu’on lui force la main. Parions que les misères junckériennes ne sont pas terminées et que le Luxembourg en souffrira encore.
Les politiques finissent toujours, au bout d’un certain temps, à perdre pied et par là même un peu de leur âme. Ainsi apprend-on que l’ex-commissaire Reding vient de rejoindre le conseil d’administration de deux multinationales. On sait que les ex-membres de l’exécutif ont été initiés à tant de dossiers et de secrets qu’ils valent (plus ou moins un an après leur départ) de l’argent. Normal qu’ils soient rachetés, pardon courtisés, par de grands groupes. Légal? Oui. Normal? A voir. Compréhensible? Peut-être.
Cela ne renforce pas, en revanche, la crédibilité de la classe politique si légère par les temps qui courent. La preuve a une fois encore été apportée par le Statec cette semaine. La croissance attendue pour 2015 sera moins forte qu’escomptée. A cela, deux raisons:
1) le paquet de relance Juncker, à savoir 300 milliards de pauvres euros pour 28 pays;
2) l’austérité budgétaire gouvernementale qui se soldera par un recul de 0,3% du PIB, l’argent «économisé» n’étant plus disponible dans les portefeuilles et faisant dès lors défaut pour la consommation.
Pas étonnant que les citoyens se détournent de leurs politiques qu’ils ne comprennent plus. Ils savent désormais que ceux-ci sont guidés (au sens étymologique) par des éminences grises dont la mission n’est pas d’intérêt public.
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