L’avènement de la photo témoigne, via clichés jaunis, des anciens qui rejoignaient leur banc planté au milieu du jardin dès l’arrivée de la belle saison. Ils furent en cela les ancêtres de ceux que l’on retrouve de nos jours sur les plages dans des poses peut-être plus alléchantes et pas forcément plus avantageuses.
Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
D’où viennent donc ce goût et, surtout, ce besoin d’été?
Avant même que d’astucieux commerçants y virent un créneau extraordinaire pour gagner de l’argent, bien en amont du tourisme de masse dont l’une des plus désolantes conséquences est le bétonnage des littoraux et la vulgarité ambiante, les êtres aspirèrent au repos physique et à la sérénité. Pour cela, point ne fut nécessairement besoin de s’échapper au loin, privilège du reste réservé aux plus nantis.
Le lot de la productivité
Désormais, deux éléments conditionnent le voyage du plus grand nombre: les conditions de travail et le marketing. Que l’on nomme ce phénomène „stress“ ou simple épuisement, le fait est que le climat de travail s’est détérioré en général dans la mesure où les exigences de productivité, de rentabilité, de concurrence entre salariés appelés à courir après la promotion et le rang social, sont devenues telles que la pause-vacances est attendue avec autant d’impatience que d’épuisement. Au point que beaucoup sont prêts à s’endetter pour mieux pouvoir partir.
A d’autres, on fait croire que s’ils ne passent pas quelques jours/semaines à l’étranger, ils apparaîtront comme des marginaux d’un nouveau genre. Alors ils économisent, empruntent, sollicitent parents et grands-parents, n’hésitant pas à passer des heures et des heures en car pour accéder à „l’eldorado“. D’autant que messages publicitaires à l’appui imaginés par des experts à communication, ils sont convaincus qu’ils ont acheté la poule aux œufs d’or. Imaginez! Palma et sa bière en seaux, Lloret et ses discothèques ouvertes jusqu’au petit matin, Bangkok en „last minute“ et ses massages. De culture, d’éducation, de contacts avec d’autres peuples et d’autres civilisations, il n’est guère question. Car voilà le nouveau luxe inaccessible et réservé à la minorité, celui du savoir.
Le bât blesse donc, quelque part, même si nul n’est besoin de faire tous les musées du monde ou tous les phares en mer pour passer des vacances intelligentes, c’est-à-dire celles où l’on se retrouve, s’écoute et se projette dans l’avenir.
L’homme (oui, et la femme, cela va de soi) a besoin d’une rupture comme il a besoin de vitamine D. Question d’équilibre. Lequel va de pair avec l’insouciance, le plaisir, les joies simples et/ou sophistiquées, la paix intérieure.
Reste à savoir si les marchands d’été et de soleil s’intéressent à ce dernier élément, vital: la fameuse paix intérieure? Parions que non! Car elle ne chiffre pas, ne se transforme pas en statistiques, résiste aux sondages et ne donne pas lieu à des dividendes. Par conséquent, elle importe peu …
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