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Le «bloqueo» a vécu

Le «bloqueo» a vécu

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Tel Nixon avec l’ouverture vers la Chine et tel Carter avec les accords de Camp David, Barack Obama finira par entrer dans l’histoire, en dépit d’un double mandat plutôt pâle.

En normalisant les relations entre Cuba et les Etats-Unis, il ne met pas seulement fin à un blocus vieux de plusieurs décennies, mais mérite le respect pour avoir su reconnaître officiellement l’échec de cinquante-trois ans de politique extérieure et intérieure de l’hyperpuissance américaine.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Rien n’aura fait effet. Ni les sanctions économiques et commerciales, ni les interdictions de voyager, pas plus d’ailleurs que la campagne de dénigrement systématique du régime castriste ou le soutien politique et financier aux anti-castristes de Floride n’auront réussi à faire plier la petite République socialiste, située à 150 km seulement des côtes états-uniennes.

Les Cubains, en dépit des privations continues, du délabrement de leur patrimoine architectural et de leurs infrastructures, sont restés légitimistes. Consciente aussi des errements du régime et de son autocratisme, la fière population cubaine a systématiquement opté pour la loyauté à l’égard de Fidel Castro, l’un des acteurs ayant libéré le pays du sinistre Batista et de sa clique. L’optimisme et le sourire ont prévalu aux pires moments de privation et le chant des sirènes venu régulièrement de Floride n’a pas ébranlé la majorité. De sorte que de Kennedy à Obama, nul n’a su faire fléchir la belle île.

Là où Henry Kissinger avait échoué avec ses négociations secrètes, Obama a réussi. Notamment avec l’aide du Canada. Et si la «normalisation» des relations annoncée de part et d’autre ainsi que l’ouverture d’une mission diplomatique à La Havane n’annuleront pas l’odieuse loi Helms-Burton, au moins cela la videra de sens.

Le premier président noir des Etats-Unis marque un double point: non seulement transforme-t-il un cuisant échec en victoire diplomatique; en outre, il gêne considérablement le nouvel ennemi Poutine en s’immisçant directement dans le jeu d’influence russe et chinois. Raul Castro a cédé là où son frère Fidel restait intransigeant. L’a-t-il fait convaincu qu’il était temps qu’une nouvelle ère s’ouvre ou parce que d’autres raisons l’y auraient poussé? Reste à voir les conséquences sur place, en espérant que Cuba ne deviendra pas un nouveau Macao. Le peuple cubain mérite le respect et l’amitié.

Il appartiendra à la communauté internationale de veiller à ce que Cuba ne se transforme en un Las Vegas, c.-à-d. en un vaste casino voire un paradis de la prostitution pour burger-touristes.

Dégât collatéral de l’annonce faite par MM. Castro et Obama: une fois encore, le dossier de l’indépendance de la Palestine est relégué au second plan …