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Identité(s)

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Les dés sont jetés. Le nouveau gouvernement tiendra parole et la Fête nationale, journée de partage et d’unité par excellence, sera une fête pour tous, laïque et dès lors respectueuse de toutes les sensibilités. La transition tombe d’autant mieux que cette année le pays célébrera le 175e anniversaire de son indépendance.

Il faudra toutefois que les gouvernants prennent grand soin de réussir la transformation. L’Eglise catholique est une experte millénaire en cérémonies. Au fil des siècles
et des adaptations nécessaires à sa survie, elle a appris à briller là où l’Etat et les communes ne brillent guère voire échouent lamentablement. Ainsi sait-elle mieux que quiconque célébrer mariages et enterrements, jouer des émotions et des sentiments. L’équipe gouvernementale, le premier ministre en tête, devra se donner les moyens d’être un maître de cérémonie à la fois digne du Festival de Cannes et du Vatican … De concert avec la Cour grand-ducale.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

C’est du reste dans un contexte politique et européen particulier qu’intervient le changement. Alors que „Bruxelles“, c’est-à-dire une Commission ultralibérale dont les sortants sont tous à l’école américaine et pour la plupart déjà assurés de leurs futurs „emplois“ très lucratifs, interfère dans nos vies et notre gouvernance, et tandis que de fades seconds couteaux à la recherche de notoriété pour se positionner au sein de leur propre camp politique pour l’avenir s’attaquent violemment au Grand-Duché, beaucoup de questions se posent.

Laurent Wauquiez (ce jeune quadra UMP qui cherche à se distancer de Copé, de Fillon et de Sarkozy tout en voulant faire de l’ombre à Madame Le Pen) en veut aux succès de niche luxembourgeois. Comme si la France n’exploitait pas les siennes depuis belle lurette! Car Paris aussi se bat pour devenir numéro un sur le marché des fonds. Paris a exploité le créneau du nucléaire avant d’autres, celui de l’aéronautique militaire aussi. Et le sous-marin Monaco … A chacun sa souveraineté et sa capacité de s’en servir intelligemment!

Complexes d’infériorité

La force première de tout pays comme de tout être humain est son aptitude à assumer son identité. Ce qui revient d’abord à savoir qui l’on est. Les conflits que nous vivons actuellement (montée des extrêmes droites et guerre civile en Ukraine) en sont l’expression.

Si les Luxembourgeois étaient raisonnablement sûrs d’eux, ils parviendraient mieux à cohabiter avec une population étrangère majoritaire et – pourquoi pas? – peut-être même à faire comprendre aux nouveaux citoyens que chacun doit s’adapter là où il a choisi d’aller vivre. Pour quelle que raison que ce fût.

Dans le droit fil nous intégrerions plus facilement le concept de citoyenneté européenne, car Européens nous fûmes, Européens nous sommes et Européens nous resterons. Au-delà des constructions erronées de la technocratie.

Européenne et amie, la Russie l’est, au même titre que l’Ukraine. Pourtant, l’histoire montre que les Européens de l’Ouest se sont de tout temps méfiés des Européens de l’Est et notamment de la Russie, des tsars à Poutine en passant par l’Union soviétique. Que d’injustices au nom d’une méfiance inexpliquée! Aujourd’hui encore, nous rendons hommage avec fastes aux „libérateurs“ américains. C’est parfaitement juste et légitime. A condition de pouvoir rappeler qu’ils ne sont pas intervenus en 1939 ou en 40, comme ils auraient pu le faire, et qu’il a fallu d’abord que le peuple russe trinque et saigne pour faire barrage aux hordes nazies fanatiques et brutales.

Les défauts d’identité forte requièrent des frontières. Seuls les Etats et les peuples qui s’estiment à leur juste valeur n’ont plus besoin de ces symboles. Le fait de ne jamais réellement avoir su conforter la Russie en témoignant sans faille, même dans des phases plus compliquées, de notre amitié a entraîné qu’elle a toujours besoin d’un glacis. Nous Européens pourrions le comprendre. Mais comment faire comprendre cela à une Amérique qui a produit McCain?

Et comment expliquer à Moscou que les frontières seraient intouchables, si nous avons modifié celles issues de la fin de l’empire austro-hongrois, celles des lendemains de la chute du Mur et du rideau de fer; ou de la feue Tchécoslovaquie ou encore de l’ex-Yougoslavie et puis récemment du Kosovo, berceau de la Serbie?

Redonnons confiance à la fière Russie et son histoire majestueuse au lieu de nous laisser embrigader pour quelques marchés douteux …