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Fête

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Une Fête nationale, c’est d’abord une fête. Celle de tout un peuple dans sa diversité la plus absolue, au-delà de l’événement historique et politique et dans le cas précis luxembourgeois, l’anniversaire (symbolique) du souverain du Grand-Duché de Luxembourg.

Qui dit souverain pense souveraineté. Un concept longtemps attaché à la notion de territoire. Mais à notre époque, celle des institutions supranationales telles que les Nations unies ou l’Union européenne, elle n’est plus purement étatique comme en témoignent justement les transferts de souveraineté ainsi, d’ailleurs, que les reproches adressés à un pays comme le Luxembourg, quand il essaie de tirer profit de ce qui est encore de son domaine de compétences non déléguées. La querelle pour le pouvoir entre institutions, tristement illustrée au sein de l’UE avec le combat de coqs entre Cameron-Juncker, n’est en fait qu’une illustration d’un débat plus vaste, à savoir la façon d’accorder souveraineté westphalienne et souveraineté domestique.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Qu’est-ce qui sera demain du domaine national, c.-à-d. de ce qui est organisé et décidé par un gouvernement issu du suffrage universel et quelle sera l’interaction transfrontière, voire ce qui tombe sous la légalité et le droit d’interférence internationale du fait de la signature librement consentie des traités? De la réponse qui est des plus complexes dépendra le vivre ensemble des grands blocs régionaux et des Etats de la planète comme en résulteront le mode de vie, l’identité culturelle et la liberté/non-liberté ressentie par les peuples.

L’actuelle montée en puissance des extrêmes – politiques comme religieux – certes liée à la croissance du chômage et de l’appauvrissement d’un grand nombre, est aussi l’expression d’une peur confuse de citoyens qui ne savent plus où est leur place exacte sur le grand échiquier international dominé par une unique superpuissance dans les valeurs de laquelle ils ne se trouvent pas nécessairement.

Un énorme défi

Oui, le défi à relever est gigantesque pour le Grand-Duché, si petit Etat membre pourtant de l’Union européenne. Il est fini le temps où les membres fondateurs étaient traités à égalité et respectés pour avoir su anticiper ce bel édifice qu’aurait dû devenir la Communauté européenne. Pis: ils ne se respectent même plus entre eux. Et le Luxembourg, de médiateur linguistique entre grands, est désormais jalousé, contré, remis à sa vraie place, celle que lui confère sa géographie et sa démographie. Certes, on y immigre volontiers pour des raisons économiques et on vient y travailler parce qu’il y a des emplois. Sans amour, sans enthousiasme, sans même amitié souvent.

Pourtant, il faudra avancer au risque de dépérir. En sachant que la réussite dépend de l’intégration ou, en d’autres termes, de la cohésion d’un peuple dont 50% viennent d’ailleurs et d’horizons sociaux et culturels des plus différents. Un sujet ultra-sophistiqué que l’on ne saurait réduire à une simple question linguistique.

Tirer un maximum de jeunes vers le haut – dans un environnement de nivellement vers le bas – tout miser sur l’éducation, innover grâce à la recherche, créer sur le plan artistique, voilà le chemin qui pourrait éviter le pire. A condition de l’aborder avec bon sens et lucidité, donc sans ces faux semblants si politiquement corrects dans lesquels tous les acteurs, publics, privés et associatifs, se complaisent sans même (plus) s’en rendre compte.

L’approche du nouveau gouvernement de faire de la Fête nationale une journée placée sous le signe du laïcisme et donc de la prédominance de l’Etat, est un pas vital dans la bonne direction, puisque cela permettra à chacun, au-delà de ses convictions et appartenances, de trouver sa place. Que le 23 juin soit précédé d’une „nuit blanche“, festive et ludique, est une évidence. Car si l’angoisse mine et cloisonne, la joie est partage, solidarité et mixité.