Pas besoin de chercher loin: elle est partout, dans le verre que vous buvez, le plat que vous mangez (l’agro-alimentaire), la pilule et la potion que vous prenez (l’industrie pharmaceutique), les sports que vous aimez et les vacances que vous bookez (le commerce des loisirs), la voiture que vous conduisez, les achats et les opérations bancaires que vous faites (l’économie en général), la politique que vous soutenez, la religion que vous pratiquez, vous vivez sous son empire, vous vivez sous l’empire de la magouille.
On s’y est tellement habitué qu’il faut vraiment un scandale hors-normes pour qu’elle devienne l’ennemi public numéro un. Mais l’incrédulité, la stupeur, l’effroi, la colère ne dureront que quelques jours et puis on oublie, y a aut’ chose, même Trump et Le Pen finissent par ennuyer le public gavé. La surmédiatisation, fille naturelle de l’omnidisponibilité des flux numériques d’infotainment, vole non seulement un temps infiniment précieux à ses victimes, donc à l’immense majorité des gens: elle pervertit la hiérarchie des valeurs, elle rend amorphe.
Parmi l’infinie variété des magouilles, celles pratiquées depuis la nuit des temps dans les domaines religieux et politique sont particulièrement résistantes aux tentatives d’éclaircissement et d’éradication. Toutes les supercheries, tromperies et fraudes ont été commises mille et cent mille fois au su et au vu des victimes … consentantes. Prenez le mot à la mode: fact checking. La méthode du fact checking appliquée aux religions du Livre mettrait à jour des histoires incroyables, inventées pour maintenir au pouvoir des castes de prêtres avec leurs subordonnés ou alliés politiques. N’essayez surtout pas de demander des preuves, même pas dans vos milieux familiers: la croyance élevée au-dessus de la raison serait encore capable de vous pourfendre et brûler, ou, du moins, vous éjecter de la société. Credo quia absurdum, je le crois parce que c’est absurde.
Et ce credo quia absurdum est LE défaut de construction de l’homme. Les grands magouilleurs de la politique le savent depuis une éternité, eux qui s’accommodent de tous les systèmes. Il faut se rendre à l’évidence que la démocratie ne nous protège pas des partis menteurs et des faux honnêtes, bien au contraire …
Comme l’électorat se compose d’adultes libres, que l’on suppose instruits et informés, il est admis implicement que la majorité ne peut pas se tromper sur l’essentiel, que la force d’auto-épuration est plus puissante que le courant autodestructeur. Doutons, doutons. Les campagnes électorales au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en France ont révélé la fragilité des arguments raisonnables. Combien facilement ont-ils été bousculés par les marchands de l’absurde, maîtres de l’art de la manipulation et virtuoses, désormais, du fake et de l’intox sur les médias dits sociaux (Facebook et Twitter notamment). Voilà des dizaines de millions d’Américains, de Britanniques et de Français qui croient profondément, à l’encontre de tous les enseignements de l’Histoire, de la géographie, de la démographie, de l’économie, des sciences exactes, qu’à notre époque, un pays peut s’éloigner, s’écarter, s’isoler, pour tirer la couverture vers lui, au détriment des “autres”.
La leçon à tirer? – Mais qu’il faut continuer le combat commencé avec les Lumières, le combat pour la raison, pour un âge de raison, où la justice sociale à l’échelle panétaire ira de pair avec la liberté, l’égalité, la fraternité de tous.
Rêvons, rêvons, et agissons contre le credo quia adsurdum.
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