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Des enjeux à long terme

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Ce qui vaut dans le domaine économique (nous y reviendrons plus loin), vaut dans le domaine de la politique internationale. Difficile donc de dire quelle est l’exacte position des Etats-Unis, de la Russie ou des Européens à propos de la Syrie et on comprend aisément pourquoi. D’énormes intérêts sont en jeu, politiques et économiques dans le cas de la Russie, géostratégiques dans le cas des Etats-Unis et de l’UE.

Tout ce beau monde peut aisément tomber d’accord sur le fait que l’horreur au quotidien que vit la population syrienne est inadmissible. Cohérente aussi est l’attitude du président Hollande qui exige le départ de Bachar el-Assad devenu un président indigne et amoral.

Mais ce que personne n’ose dire tout haut tout en le répétant bien bas, c’est que nul ne veut véritablement d’intervention militaire là-bas. Et ce pour moult raisons.

La Syrie n’est pas la Libye. La densité de la population n’a rien à voir avec le territoire désertique libyen qui permettait des bombardements et une intervention des forces aériennes. En Syrie, il faudrait se battre au sol avec le risque d’une „afghanistanisation“. En outre, l’enlisement politique de toute une région est à la clé.

Il y a un autre constat à faire, sans complaisance politiquement correcte. Le printemps arabe est fini et la Tunisie d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celle de Bourguiba, celle donc des libertés, de l’égalité des femmes, de l’avènement des syndicats, etc.

En Egypte, les manifestants de la place Tahrir n’ont pas compris que démocrate on est si démocrate on reste, c’est-à-dire qu’on ne hurle pas pour la peine de mort, fût-ce par rapport à un ex-dictateur, d’autant qu’on n’a abouti qu’à une seule réalité: avoir le choix entre l’homme de l’armée et celui des frères musulmans. Sacrée présidence en perspective!

Bref, il n’y a pas qu’en Irak où les minorités religieuses par exemple regrettent déjà amèrement les anciens dictateurs.

Un enjeu pour l’Europe

Ne donnant pas suite à la lettre ouverte de l’omnimédiatique Bernard-Henri Lévy qui le somme à intervenir militairement en Syrie, le président français a raison de préciser quelles sont les limites sans pour autant se précipiter dans un bourbier.

Un chef d’Etat dont les premiers pas sont autant de sans-fautes, que cela plaise ou non à d’aucuns, et auquel les Français devraient „normalement“ donner une majorité présidentielle le 17 juin.

Plusieurs semaines avant le premier tour des présidentielles, nous avions écrit à cette même place que le scrutin ne serait pas franco-français, mais représenterait un enjeu pour toute l’Union européenne.

Cela est en passe de se montrer.
Le chômage des jeunes explose littéralement dans les Etats membres. Veut-on, de peur des spéculateurs et autres adeptes (en l’occurrence chantres) des thèses néocapitalistiques, transformer 20, 30, 50% d’une population en sans-espoirs, si possible alcoolisés pour oublier qu’on les a privés d’avenir pour engraisser un tout petit nombre dont les exigences sont des dogmes parce qu’ils ont su convaincre (ne faudrait-il pas dire „acheter“ à force de conseils d’administration ou autres maroquins bien rémunérés) une caste politico-économico-financière issue des classes moyennes?

Il faut fixer des règles et elles ne peuvent qu’être européennes. Il faut instaurer une taxe type Tobin et elle doit l’être au niveau mondial. Il faut des salaires décents (ce qu’empêche la possibilité de délocaliser chez toujours plus pauvres) sans que la référence soit le salaire médian chinois (250 euros). Il faut de l’emploi, une sécurité sociale digne de ce nom et des retraites dignes. Et par conséquent du pouvoir d’achat.
Est-ce indécent, irréaliste, gauchisant?
Non, très réaliste.

Les agences de notation ne sont pas une fatalité. Pas plus que les diktats de fonds de pension américains ou des Goldman Sachs.
La volonté politique est la règle et elle n’a pas à se soumettre à celle de mafiosi d’un nouveau genre.
Que les „bien-pensants“ comprennent donc qu’ils sont des „mal-pensants“ et qu’ils relisent leurs livres d’histoire.

A force de trop sucer le sang, on finit par tuer sa victime.