Dehors!

Combien sont-ils, en politique, a vendre leur âme au diable pour de l’argent? Combien sont-ils, chasseurs d’héritage, collectionneurs de fonds, conseillers de sociétés pharmaceutiques, de cabinets d’audit et autres brasseurs d’affaires, petits messieurs et dames, à coller à leurs maroquins alors qu’ils n’auraient jamais dû les occuper?

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Combien, en revanche, sont des honnêtes hommes qui n’ont rien à se reprocher, qui ont opté pour le bien-être public et font leur travail en donnant le meilleur d’eux-mêmes? De ceux-là, on ne parle jamais; dans le lot, ils sont néanmoins majoritaires.

Le talentueux docteur Cahuzac, plutôt bel homme, courtisé jadis par le tout-Paris politique, de l’extrême droite à l’extrême gauche, quand il leur implantait des cheveux qu’ils avaient perdus et les aidait ainsi à paraître plus jeunes, et par conséquent les aidait à mieux tromper l’électeur qui croit au paraître avant d’apprécier l’être, le brillant docteur donc, avait amassé de l’argent.

Certes, il voulait frauder le fisc et avait choisi l’UBS à Genève pour ce faire. Comme tant d’autres qui, contrairement à lui, ne planquent pas 600.000 euros mais des centaines de millions, voire pour certains des milliards.

Depuis dix ans, il n’y avait plus de mouvement sur ce compte. On pourrait toutefois supposer qu’un homme intelligent n’accepte pas d’officier à Bercy pour y traquer les fraudeurs quand il sait savamment qu’il est dans l’illégalité et par conséquent des plus vulnérables.

Il se trouve que Jérôme Cahuzac n’est pas n’importe quel homme politique et pas n’importe quel socialiste.

Il appartient à la bande de Marrakech, il est un strauss-kahnien convaincu, régulièrement reçu au riad de Mme Sinclair dans la cité rose. Bref, comme son maître, il a appris à composer avec la réalité et fini par croire à l’impunité. Tel son inspirateur, il en paiera le prix fort. En dépit du talent de son avocat, Me Jean Veil, l’autre copain du club.

Inacceptable

Plus que le mensonge en lui-même, c’est le comportement amoral qui gêne. Cahuzac n’avait pas le droit de mentir à Hollande dont il sait parfaitement la rigueur intellectuelle et les difficultés à faire admettre aux Français que toute réforme nécessite du temps et que l’héritage de Sarkozy fut pourri, ultra pourri.

Dès lors, l’ancien ministre et député n’avait pas le droit
d’affaiblir la République au sommet. Car à cause de lui, la présidence, le gouvernement et la gauche social-démocrate sont affaiblis.

Lorsque l’on a des „amis“ comme Mélenchon, nul n’est besoin de disposer d’une Le Pen pour avoir droit aux insinuations et aux attaques de la pire espèce.

Mais en l’occurrence, la droite traditionnelle joue à plein l’hypocrisie en mettant en avant le mensonge. Cette droite UMP qui n’a jamais réglé ses propres comptes avec la vérité. Par exemple dans l’affaire Gabriel Aranda, dans l’affaire de Broglie, dans l’affaire des mineurs prostitués, dans l’affaire Boulin, tout comme elle n’a jamais joué la transparence dans les dossiers du SAC, ceux de la grotte d’Ouvéa, la mairie de Paris, l’affaire Bettencourt et tant et tant d’autres.

Il y en aurait beaucoup à dire, car la liste est longue, très longue. Or, quelquefois, le silence est d’or, n’est-ce pas? Sauf en France, où les médias appartiennent aux hommes d’affaires et aux banquiers, d’où une complaisance certaine face à une entorse de droite et une rigueur implacable lors d’une faute à gauche.

Il n’empêche: Hollande a raison. Un élu n’a que faire en politique s’il est condamné pour corruption, sans quoi la gangrène bouffera tout le corps. Ce serait contraire aux intérêts des nations et injuste pour ceux qui croient à des idées et se battent pour plus de justice.