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Déchéance sociétale

Déchéance sociétale

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L’un des principaux acquis de la science au XXe et XXIe siècles est certainement la longévité des citoyens. Les progrès de la médecine, du médicament, la découverte de l’importance de la nutrition et de l’hygiène de vie en général font que le nombre des personnes âgées ne cesse d’augmenter.

Ce serait toutefois un leurre que de croire que cela se passerait sans accrocs, les déficients physiques ou psychiques devenant une réalité au fil des ans, ce qui implique du soutien, de l’accompagnement, des soins. Or, de moins en moins de familles s’avèrent outillées pour faire vivre en leur sein des parents devenus fragiles, de moins en moins aussi sont disposées à s’engager en ce sens en acceptant les contraintes que cela entraîne.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Etat a sauté dans la brèche en considérant que c’était un devoir et une responsabilité civique et politique que de créer un environnement digne pour les plus âgés. Il a donc, partout en Europe, construit des maisons de retraite, de soins, de gériatrie et a pris à charge le coût y lié. Le système a plutôt bien fonctionné et il le ferait encore, si les mentalités n’avaient pas changé.

Récemment, l’Europe semble décidée à s’inspirer du modèle américain et ainsi engage un périlleux débat sur les coûts du système de soins.

L’accompagnement du „troisième âge“ voire des „seniors“ devient un business. Certaines institutions sont désormais cotées en bourse, et il est facile d’imaginer ce que cela implique, à savoir la rentabilité à tout niveau.

Maladie

Un récent incident en France a mis en évidence l’ampleur du désastre.

Rappel: une vieille dame est en maison de retraite (privée); ses enfants ont un contentieux avec la direction et ne paient plus. Cette dernière constatant les arriérés, décide de „virer“ la pensionnaire nonagénaire comme une malpropre, commande une ambulance et la fait „livrer“ chez son fils. Celui-ci étant absent, l’ambulance a „déposé“ la patiente dans un hôpital.

L’une des fiertés de toutes les civilisations anciennes était le respect des vieux et des morts. C’était un devoir et un honneur d’accueillir les parents devenus impotents pour leur rendre l’affection qu’ils avaient portée auparavant à leurs enfants. C’était un devoir et un honneur de rendre hommage régulièrement aux parents décédés en guise de remerciement et en raison des souvenirs heureux.

Aujourd’hui, les cimetières se vident le Jour des Morts et „les appartements sont devenus trop petits“ pour y vivre en communauté familiale.

Loin de nous l’idée de juxtaposer jeunes et vieux. Car les premiers sont autant en souffrance que les derniers. Leur sort a pour nom chômage et manipulation via médias modernes, où le flou a pris le devant sur l’analyse en profondeur et leurs vies souvent en trompe-l’oeil en font des solitaires avec des centaines „d’amis“ sur facebook.

Lorsque, dans une société, le profit devient la notion dominante, quand les loisirs l’emportent sur la solidarité et l’assistance, il y a péril. Car ce sont les symptômes d’une grave maladie.

La déchéance sociétale est en cours et la Politique n’agit pas.

Elle est, déjà, tombée elle-même dans le piège meurtrier.