Quoi qu’il fasse et quel que fût l’héritage. Point ne faut donc s’attendre à un quelconque état de grâce pour Manuel Valls et ses ministres.
Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Est-ce pour autant un mauvais choix auquel s’est résolu le président de la République qui devait absolument prendre en compte le témoignage de désamour exprimé lors des élections municipales?
Pas vraiment, car les erreurs commises l’ont été à son arrivée à l’Elysée. Elles furent multiples:
– le refus de dire clairement aux Français quel était l’état du pays que Fillon lui-même avait considéré comme un „Etat en faillite“;
– l’incapacité d’avouer d’emblée que la cure de redressement serait difficile, faite de grands sacrifices;
– l’omission de prévenir que la moindre réforme met du temps à produire des effets;
– la fausse idée de croire que qui dit gauche dit satisfaire tous les courants et toutes les parités, d’où une équipe dispersée, trop nombreuse, avec des femmes quotas et des hommes chefs de file de courants idéologiques;
– la non-reconnaissance de l’évidence que les Français – si émotionnels – n’aimaient pas Mme Trierweiler parce que cette dernière n’aimait pas la discrétion;
– une communication défaillante dans un environnement hautement médiatisé et la singulière approche que quiconque assume une fonction d’un certain niveau pourrait être considéré comme un homme „normal“ dans un pays qui entretient une relation amour-haine avec ses monarques.
Social-démocratie
On l’affirme volontiers: François Hollande est un flanby, une fraise des bois, un mou, un homme qui ne sait pas trancher.
Tout cela est caricatural et archifaux. Et Aubry et Fabius devraient se mordre la langue aujourd’hui après avoir proféré autant de conneries dangereuses en amont de la présidentielle 2012. En vérité, le locataire de l’Elysée est brillant, d’une fine intelligence et d’un humour à tout épreuve. Mais pour arriver tout en haut d’un Etat de 65 millions d’habitants, il faut peser plus lourd que dans un Etat de 500.000 habitants, réussir à moult examens de passage, se mesurer à plus d’une tête forte. Dans son propre camp et dans le milieu politique tout court. Ceux qui arrivent au premier plan sont de facto hors pair. Hollande compris. Restent son caractère et sa personnalité.
Les socialistes ont comme pires ennemis d’autres socialistes, d’où la démarche hollandienne de toujours naviguer entre les courants, prenant soin de rester immergé. Cela ne va pas quand on préside aux destinées d’un pays. Car si les réformes n’ont pas manqué, elles ont été discrètes, de sorte que ne soient retenues que celles touchant au sociétal et aux impôts.
Désormais, le président a tranché. C’est une équipe réduite, exclusivement constituée de proches qui entrent en action. Avec un jeune premier ministre qui n’a pas froid aux yeux. Qu’on se détrompe: Valls est un homme de gauche. Il est cependant aussi un pragmatique qui n’ignore pas que la France vit dans un monde globalisé et une Europe conservatrice, deux mondes largement marqués des dégâts des thèses ultra-, voire néolibérales.
Oui, l’Hexagone devra retrouver une vigilance industrielle et productive; oui, il faudra retrouver cette capacité jadis considérable de l’innovation. Il y a de l’excellence française: dans l’aéronautique, le nucléaire, l’aéronaval et ailleurs. Il convient de la généraliser.
Pour cela, il faudra recréer ce qui existait aussi: les meilleures écoles et universités, tâche compliquée dans un pays qui a échoué dans sa politique d’immigration et d’intégration depuis trente ans.
Tout ceci sur toile de fond d’un taux de chômage devenu inacceptable et risquant de conduire le pays au bord de l’explosion sociale.
Alors pacte de responsabilité? Et pourquoi pas? Si
le reste suit et l’accompagne. Finissons-en avec les illusions. Le socialisme type gauche de la gauche pour parler moderne a pitoyablement échoué. L’ultralibéralisme fut un fiasco. Le modèle social-démocrate demande à être décliné noir sur blanc pour produire des
effets.
Danièle Fonck
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