L’éventuelle décision future de la Cour Suprême des Etats-Unis de remettre à chaque Etat le pouvoir de déterminer les conditions relatives à l’autorisation d’une interruption volontaire de grossesse a suscité une vague d’indignation parmi les autoproclamés adhérents du camp du progrès. Ce sont ceux qui s’arrogent le droit de parler sans sourciller au nom „des femmes“, comme si celles-ci constituaient une entité homogène non seulement disposée à accepter, mais à soutenir la liberté de pouvoir se débarrasser d’un enfant non voulu mais pourtant conçu. Dans ce contexte, il faut impérativement renoncer au mythe détournant chaque grossesse non désirée en résultat d’un viol, blanchissant le droit à l’avortement par ce drame.
Au cœur d’une société poussant au ridicule le souci de n’offenser aucune sensibilité, allant jusqu’à observer un délit moral, dénommé „appropriation culturelle“ dans un fait aussi anodin qu’une coiffure traditionnelle d’une ethnie portée par une femme qui n’est pas issue de la même; dans une sphère culturelle bravant les limites de la bêtise en détectant un crime d’ordre sexiste dans l’utilisation d’une forme grammaticale masculine, on peine cependant à trouver la moindre trace d’un effort afin de nuancer rien qu’un peu le discours mené au sujet des combats de la condition féminine – alors que toutes les femmes ne s’y retrouvent pas!
Dans le registre établi des dites „causes des femmes“ ne paraît point la parole de celles qui condamnent l’avortement et qui rejettent l’idée que l’échelon de croissance et la viabilité du bébé qui en découle puissent déterminer le droit de naître. Les raisonnements qui alimentent les positions contre l’avortement sont multiples et certes pas puisés dans le domaine de l’émotionnel ou de la foi uniquement. Presque aucune visibilité n’est octroyée à ces femmes qui ne souscrivent pas à la doctrine véhiculée majoritairement. Une représentation très réduite de la féminité est ainsi conçue, excluant délibérément un grand nombre de femmes.
De même, c’est en vain qu’on recherche le moindre mot concernant la détresse que vivent les filles et les femmes poussées ou contraintes par un tiers à avorter. Dans les campagnes menées tambour battant pour dénoncer les violences faites aux femmes, le concept de l’avortement forcé a-t-il jamais figuré sur la liste des délits, alors que les idées les plus fantasques s’y sont glissées? Des enquêtes ont-elles été lancées afin de déceler l’éventuelle pression exercée sur les femmes par leur conjoint, leurs parents ou même leur patron, afin qu’elles avortent contre leur gré? Autour du sujet de l’interruption de grossesse gravitent des interrogations que la bien-pensance progressiste ne semble pas encline à ajouter parmi ses objets d’analyse. Il est urgent de démasquer les facettes tues de l’avortement et de reconsidérer la version propagée de la dénommée „cause des femmes“.
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können