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Ce que l’on attendait

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Exit le professionnel et aimable Jean-Marc Ayrault, trop terne pour un peuple en permanente ébullition; arrivée de l’ambitieux Manuel Valls, énergique et parfait communicateur.

François Hollande lui-même semblait lundi avoir changé de tempo, comme en témoignait son allocution à la fois volontariste et formelle. Cela suffira-t-il pour reconquérir l’opinion publique, et si oui, laquelle? Celle qui a infligé une claque magistrale au pouvoir en place ou celle qui a renoncé à se rendre aux urnes?

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Le message adressé au président de la République fut double, et apparemment le locataire de l’Elysée et son entourage l’ont reçu. Il est vrai que le temps leur est mesuré, Lionel Jospin ayant jadis commis l’erreur de réduire le septennat en quinquennat, ignorant que nul ne saurait redresser un pays et le faire changer de cap en quelques courtes cinq années dont la dernière est perdue d’office du fait de la campagne électorale.

Evidemment, le PS est le grand perdant du scrutin municipal. Cela ne devrait ni servir au Front de gauche de Mélenchon ni aux écolos de Duflot pour prendre les socialistes en otages. Car Grenoble, contrairement à Paris, pour paraphraser Henri de Navarre, ne vaut pas une messe …

Le vainqueur indéniable est la droite, et en vérité, il n’y en a qu’une. Car l’UMP de Copé n’est plus gaulliste; elle n’est même plus chiraquienne. A l’exception du maire de Bordeaux, Alain Juppé. L’extrême droite devenue „Bleu marine“ n’est qu’un parti populiste aujourd’hui qui, de scrutin en scrutin et de respectabilité en respectabilité, s’assagira assez pour devenir un allié réel de la droite conservatrice. Comme en Italie et ailleurs.

La droite peut donc rigoler en douce, même si le PS conserve de grandes métropoles comme Lyon, Dijon, Strasbourg, Metz et, évidemment, Paris. Elle peut parce qu’à gauche, toute défaite est matière à s’entredéchirer, et c’est, une fois encore, bien parti. Avec la gauche des socialistes, les Verts (où ce n’est pas Duflot, mais son compagnon de parti et de vie qui tire les ficelles), sans oublier l’ancien ministre et sénateur viré à gauche toute, le professeur Mélenchon. Les communistes y voyant une occasion pour se rappeler à la mémoire de ceux qui les avaient oubliés.

Bien sûr, Hollande a déçu. On l’attendait impeccable sur le plan privé et il a accumulé les gaffes. D’autant que celle qui l’avait poussé, fait bouger, souvent inspiré, Ségolène Royal, faisait défaut. Pas toujours commode, certes, pas toujours affable, en effet, mais sensible aux humeurs d’un peuple français disparate, multi-ethnique, multiculturel, fantasque, replié sur lui-même tout en étant un melting pot, râleur presque par arrogance. Dès lors, quasiment ingérable, sauf s’il est mené à la baguette. Et encore … De Gaulle l’a vu en 1968.

Ecouter en permanence les doléances incessantes, être à l’affût des moindres vibrations, comprendre que nombreux sont ceux qui souffrent du chômage, des salaires et retraites minuscules, de l’insécurité ambiante, de l’intégration ratée, du manque de perspectives pour la jeunesse, de l’état des hôpitaux, etc.: voilà la tâche quotidienne d’un président français. Sachant qu’il a en outre comme interlocuteurs un patronat peu disposé à investir ses deniers personnels, ainsi que des syndicats faibles et divisés et de ce fait plus disposés à faire grève qu’à un dialogue social apaisé. A quoi l’on pourrait ajouter une presse nationale affaiblie et des médias audiovisuels trop puissants, trop partisans, pour ne pas dire trop médiocres, pour informer correctement les Français sur l’état de leur pays, son implication dans l’Europe et sur les réalités de la mondialisation.

Marge de manoeuvre réduite

Or, c’est ici que se situent les difficultés majeures de François Hollande. Redresser l’économie en dehors du contexte concurrentiel international est vain. Nier les contraintes bruxelloises (pourtant consenties) serait une illusion. De deux choses l’une: ou le président et son nouveau premier ministre changeront véritablement de politique, et alors la France devra se mettre en congé de l’UE pour un bon moment, ou ils admettront que la politique économico-financière et budgétaire sera placée sous le diktat des traités d’Amsterdam et de Maastricht, seules quelques fonctions nationales voire régionales ou sectorielles demeurant indépendantes.

A moins que le président seconde mouture ne parvienne à imposer à la chancelière allemande la fin de la pensée unique … On peut rêver, le rêve étant tout ce qui reste aux humains quand il n’y a plus rien d’autre.