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Rien de très nouveau

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Qu’est-ce qui pousse un très vieil homme, prix Nobel, ayant eu toute la gloire dont on peut rêver sur terre, à la notoriété par conséquent incontestable, à exprimer son souci de la manière dont Günter Grass l’a fait? Cette question mériterait réponse avant tout acte de polémique

Chapitre un

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu

Günter Grass est-il un monstre parce qu’il pose Israël en agresseur et l’Iran en victime?
Depuis la publication de son texte, la polémique n’a cessé d’enfler.
Premier constat: les débats les plus vifs furent menés en Allemagne et en Israël.

Second constat: l’Allemagne politique n’a toujours pas pu intégrer son propre passé, plus de 70 ans après l’horreur de l’holocauste, des camps d’extermination et de ses théories racistes.

Troisième constat: la République fédérale reste dèslors incapable de différencier entre les actes politiques du gouvernement israélien et les droits des citoyens d’obédience israélite en Israël et ailleurs dans le monde.

Quatrième constat: l’Allemagne, grand fournisseur d’armes dans la région du Moyen-Orient, joue donc sur deux tableaux avec une belle hypocrisie dans laquelle droite et gauche se retrouvent.

Cinquième constat: en Israël, le gouvernement Netanyahou n’a pas raté l’occasion pour jouer une fois de plus la carte de la confusion et a immédiatement su mêler antisémitisme, antisionisme et antiisraélisme, alors que le sujet est un et indivisible, à savoir la politique menée par ce gouvernement-là.

Sixième constat: les intellectuels juifs israéliens sont bien plus nuancés. Comme souvent.

Chapitre deux

Quel est le problème?
Les Etats-Unis au premier chef, et avec eux l’Union européenne, n’ont plus de vision claire sur la situation au Proche et Moyen-Orient. Hier, ils ont installé et aidé des régimes dictatoriaux; aujourd’hui, ils les laissent tomber pour d’exclusives raisons matérielles, à savoir le contrôle absolu et entier sur les matières premières, quitte à accepter d’autres dictateurs probablement pires que leurs prédécesseurs et plus dangereux pour la paix mondiale.

Ce scénario catastrophe se joue sur toile de fond d’un conflit irrésolu, celui de la Palestine et d’Israël, deux pays qui existent en théorie, du fait de la résolution des Nations Unies, alors qu’en vérité, un seul, l’Etat hébreu, n’est réalité.

Le peuple palestinien n’est que victime, doublement: victime de ses cousins arabes et de leurs conflits plus ou moins masqués avec Israël et victime d’Israël qui occupe militairement et civilement (colonies) des terres qui lui appartiennent, morcelées et non suffisamment approvisionnées en eau potable.

Faut-il rappeler qu’il y a dix ans tout juste que fut posée la première pierre du Mur de la honte? Or, tant qu’il n’y aura pas d’Etat palestinien souverain et digne de ce nom, ce manquement servira de prétexte à d’innombrables régimes et groupuscules.

Entre-temps, le gouvernement israélien a trouvé un moyen excellent de dévier l’attention. Voilà le spectre de l’Iran nucléaire qui menacerait et donc la nécessité de bombarder le pays des ayatollahs …

Mais Israël dispose de l’arme nucléaire et n’accepte aucun contrôle international. Pourquoi l’Iran, qui a souscrit à l’IAEA, n’en disposerait pas? Et pourquoi pas l’Egypte ou l’Arabie saoudite, d’autres grands Etats? Quelle différence, en la matière, entre une démocratie qui bafoue depuis des décennies les droits du peuple palestinien et des pouvoirs autocrates qui bafouent les droits de leurs propres peuples?

Dans une excellente interview accordée hier à Spiegel Online, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a rappelé quelques vérités élémentaires, parmi lesquelles les devoirs de l’Allemagne et ceux d’Israël. Cela, sans renier en rien les responsabilités des autres, à commencer par l’Iran.
Günter Grass, en pratiquant le politiquement incorrect, a au moins le mérite de faire réfléchir. Et ceux qui sont les plus mal placés pour le crucifier sont ceux qui, de par leur passé, ont un parti pris historique, malgré eux.