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Le président

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„Le candidat du PS a montré son côté ferme, fort et solide.“ Le texte n’est pas de nous. Il émane de la plume de Philippe Goulliaud, rédacteur en chef du service politique du Figaro, le journal de Serge Dassault et organe de presse de l’UMP.

On peut souscrire sans hésitation à ce propos pertinent, tant le contraste était saisissant entre les deux candidats aspirant à la présidence de la République française lors de la confrontation de mercredi soir que les médias avaient qualifiée avec emphase de „débat décisif“.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Nicolas Sarkozy était considéré d’emblée comme vainqueur potentiel, lui „l’énergique“ bien rodé à cet exercice, lui „l’expérimenté“ ayant réponse à tout. Dès lors, un match nul devait être considéré comme une victoire pour son challenger qualifié par ses adversaires de „Flamby“, d’„anguille“, de „Porcinet“, de „nul“, de „petit blagueur“. Et le président sortant a même trouvé mieux en le qualifiant à une douzaine de reprises de „menteur “ avant de passer à „petit calomniateur“. Une grande élégance dans le genre, une classe véritablement élyséenne qui sied au candidat d’un parti dont l’un des émissaires avait osé traiter la compagne de M. Hollande de „rottweiler“ …

Mais rien n’y fit!

François Hollande ne fut pas déstabilisé, sut garder son calme olympien et rendit coup pour coup. Même la grossière sortie de Sarkozy sur Strauss-Kahn ne tourna pas à l’avantage de l’auteur, mais à son désavantage.

A force d’arrogance …

Au fil des échanges au cours d’un débat difficile, car extrêmement technique, Sarkozy s’effondra au point de nepas interrompre Hollande lors de sa longue tirade sur sa conception de la présidence. Et à la fin, il supporta même d’être interrompu lors de sa propre conclusion. Il est vrai que les démons du passé avaient ressurgi, puis que peu à peu, on vit les mimiques bien connues et le roulement d’épaules réapparaître, signes flagrants que l’homme était mal à l’aise.

Hollande fut traité de „menteur“: le Spiegel allemand notait dès hier matin les erreurs factuelles du président-candidat et le Nouvel Observateur ne relevait pas moins de quinze „Pinocchio“ chez Sarkozy.

Bref, ce ne furent pas seulement deux conceptions politiques qui furent exposées mercredi soir, mais on vit avant tout deux hommes, deux caractères et deux personnalités. Et le présidentiable ne fut pas celui que l’on croyait.

Dès leur arrivée aux studios, la différence était palpable. Hollande eut le cran de s’arrêter auprès des manifestants de PSA; Sarkozy passa sans un regard. Le trac, visiblement, avait changé de camp.

Sur le plateau, le président avait fait rehausser son siège pour paraître plus grand. Du coup, on avait l’impression qu’il s’était affaissé par la suite. Le paraître contient des dangers qu’il vaut mieux anticiper.

La principale faute de Sarkozy fut ailleurs et consista à sous-estimer son rival. Comment croire en effet un instant qu’un homme politique de la culture d’un Hollande, de la formation brillante qui est sienne, qui était parvenu à se maintenir plus de dix ans à la tête d’un PS où les têtes pleines sont légion, d’un homme qui avait annoncé sa candidature il y a un an déjà et avait résisté à toutes les pressions de ses amis qui voyaient en „Dominique“ le candidat naturel, qui avait remporté les primaires avec facilité et qui s’est préparé avec minutie à la tâche, pouvait être considéré comme un poids plume.

A force d’arrogance, on risque de trébucher, dit l’adage. Nicolas Sarkozy a donc trébuché.

Certes, un débat ne fait pas une élection et c’est heureux pour la survie d’une démocratie. Il n’empêche: il est temps, grand temps que la France change de cap. Pour sa dignité, pour son avenir et pour le rôle leader qui est le sien en Europe.

Rendez-vous donc, dimanche soir, à 20 heures.

Si seulement …