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Manigances

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(Tageblatt-Archiv)

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Drôle d’époque que celle où les liens entre le monde politique et le monde économique sont caractérisés par une proximité telle que le citoyen ne sait plus qui et quoi croire.

L’affaire désormais tristement célèbre du stade de Livange en est une illustration parfaite.
Trois ministres au moins sont directement intervenus en la matière, y compris dans un domaine qui devrait être parfaitement compartimenté, à savoir celui du financement.
Certes, ce n’est pas la première fois qu’un membre du gouvernement intervient auprès de la BCEE. Ce fut par exemple le cas lors de la création d’un nouvel institut financier dans lequel la banque dite „nationale“ était devenue actionnaire. Le prêt à hauteur de 16 millions d’euros accordé à Rollinger pour financer sa sortie du projet commercial de Wickrange dans l’intérêt du fumeux dossier Livange fut-il lié à la lettre
„secrète“ signée par le premier ministre et deux de ses ministres au nom et avec l’accord du gouvernement?

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Comment est-il possible qu’un ministre, en l’occurrence celui de l’Intérieur, puisse demander, récemment, des informations sur ce prêt et que la BCEE les lui fournisse? Singulière méthode déontologique de part et d’autre, gigantesque nébuleuse, imbroglio politico-financier?

Malsain

Quid des relations entre les Sieurs Rollinger et Becca, deux „investisseurs-entrepreneurs“ auxquels on prête des sommes que l’on ne mettrait jamais à disposition d’une bonne vieille PME ou à une quelconque autre personne privée désireuse de créer?
Wickrange-Livange: qu’en est-on aujourd’hui des deux projets et qui dit la vérité?
Pourtant, le pays n’aurait pas eu à assister à l’actuelle farce si l’Etat avait tout simplement assumé ses responsabilités. En clair: le pays a besoin d’un grand stade, eh bien, que l’Etat mette en place cette infrastructure destinée à l’intérêt commun et destinée à perdurer et à servir deux ou trois générations à venir.
Non, il fallut à tout prix sacrifier à la mode ambiante, celle du partenariat privé, au risque de s’embourber, ce qui est incontestablement le cas aujourd’hui.
L’Etat a des missions d’intérêt public et il lui appartient de les remplir. Pleinement et par le biais du denier public. Si l’argent requis n’est pas disponible, alors il faut l’expliquer à l’opinion publique et lui dire qu’il y a d’autres priorités. Un message qu’une démocratie mature est parfaitement à même d’écouter et de comprendre.
A force de se frotter au monde de l’argent, les politiques n’ont plus la distance nécessaire et finissent par ne plus faire la part des choses. L’ambiguïté ne sert personne, en l’occurrence ni la population ni la BCEE dont les dirigeants sont plus que probablement soupçonnés à tort d’une obséquiosité qui n’est pas la leur. Pourtant, on lui demande de toute évidence de se taire.
Il n’est que logique (et sain) qu’une commission d’enquête parlementaire se mette au travail au plus vite. Plus logique encore que la justice soit saisie à défaut de s’autosaisir. Car rien ne l’empêche, non? Si?
L’affaire Etat-Rollinger-Becca n’est pas du cloche-merle. C’est un dossier sérieux sur lequel la clarté doit être faite et tant pis pour les acteurs qui se seraient brûlés les doigts imprudemment.
Il n’y a, devant la loi, pas deux catégories de justiciables et il n’y a pas non plus deux catégories de citoyens, les premiers censés faire acte de transparence toute et devant justifier chaque acte de leur vie et d’autres, nantis car devenus riches en des laps de temps faisant rêver jusqu’au salarié le mieux payé, qui discuteraient de leurs projets d’égal à égal avec des élus du suffrage universel.
Or c’est exactement ce qui s’est passé et c’est inadmissible.