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Rien de bon

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Un peu de distance, le temps de quelques vacances, permet de contempler calmement les acteurs politiques à l’oeuvre, ici ou ailleurs, d’analyser pragmatiquement les réactions des populations et de découvrir, surpris, le niveau des réactions à chaud, notamment via internet, d’une catégorie émergente, celle des internautes.

Ces derniers sont au moins aussi fascinants que les premiers, les politiques. Un internaute, très (trop) souvent, est quelqu’un dont le sport favori consiste à mettre au même niveau tous les politiciens (hommes d’Etat, sérieux artisans, acteurs de seconde zone …), à mépriser, voire injurier les journalistes et à n’avoir que des certitudes. Bref, voilà les savants des temps modernes qui, quelquefois, réussissent même à faire croire que leur opinion compte …

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Les populations, quant à elles, sont largement démotivées, inquiètes, résignées surtout. Elles ont compris qu’on les nargue, qu’elles sont la proie de toutes sortes de lobbies dont l’unique finalité consiste à gagner un maximum d’argent en prenant en otage des gouvernements démunis, démunis car faibles et discrédités à force de petites et grandes complaisances depuis bientôt trente ans.

Ils ont peur, les citoyens confrontés à des hausses incessantes, obligés par des normes européennes à engager des frais pour tout et rien, déstabilisés par la situation explosive sur le marché de l’emploi, sidérés par les combines toujours réinventées des banques, déconcertés par le fait que le mot „liberté“ soit réduit à portion congrue dans nos dites démocraties.

Et en face?

Des sociétés de plus en plus incohérentes, des peuples sans repères, une crise sociale, économique, financière et culturelle, des jeunes privés autant de valeurs que de perspectives, des clivages croissants entre riches et (nouveaux) pauvres, une montée des égoïsmes, des riches qui affichent ostensiblement leur richesse tandis que les bourgeois de jadis maîtrisaient l’art de la discrétion: et en face?

Oui, en face, des gouvernement ternes, le plus souvent composés de personnes de bonne volonté, mais pas à niveau pour décider, trancher, changer de cap dans un monde en profond bouleversement. Des gens contents d’être arrivés au plus haut niveau sans pour autant être armés à l’exercice des fonctions les plus dures qui soient dans la mesure où elles engagent les peuples, les nations, les pays, la planète.

Le chaos en somme, pur produit du capitalisme sauvage avec un résultat pour le moins inattendu, à savoir la sournoise transformation du modèle démocratique en une espèce de communisme nouveau, privateur de libertés et créateur d’une déshumanisation effrayante.

La classe politique est instrumentalisée par les marchés. Les administrations sont devenues des corps anonymes dans lesquels les serviteurs de l’Etat, donc de la collectivité, se cachent derrière des adresses web. En cas de problème, le citoyen ne peut plus contacter Monsieur X ou Madame Y. Non, il est supposé faire un mail à xyz&, ignorant jusqu’au sexe de l’interlocuteur. Le dialogue, particulier et public, n’est plus un objectif enviable, car un instrument d’efficacité. Il n’existe plus, chacun y allant de ses certitudes, de ses préjugés et, de plus en plus, de ses haines.

Combien de temps des sociétés fractionnées peuvent-elles survivre?

Combien de temps des régimes politiques incohérents et de moins en moins fondés sur le principe de la justice (justice au sens de simplement et banalement juste) peuvent-ils perdurer?

Jusqu’au jour où les citoyens comprendront enfin que le système actuel les presse jusqu’à l’ultime limite qui les ferait monter sur les barricades. Un jeu hyper dangereux!