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Deux mondes

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Loin de nous l’idée que le fossé nord-sud n’existerait plus. Pourtant, le clivage se déplace au sein même de nos sociétés occidentales depuis que les experts financiers et spéculateurs boursiers ont eu le champ libre à partir des années 80, les politiques ayant cédé peu à peu leur pouvoir de décisions à des groupes d’intérêts particuliers.

Des „golden boys“ aux Bernard Tapie, des Lehman Brothers aux Goldman Sachs et désormais JPMorgan, la situation est allée de mal en pis: crise immobilière, crise financière, crise économique et, dans le droit fil, des flots de licenciements, des drames sociaux, une marginalisation d’un pan de plus en plus large des populations, un appauvrissement progressif des classes moyennes, l’exclusion des couches les plus fragiles, une inacceptance des immigrés due très largement à l’angoisse et à l’anxiété ambiantes.

C’est sur cette toile de fond qu’il faut analyser les scrutins majeurs qui se joueront en 2012 et en 2013 des deux côtés de l’Atlantique, car ils forgeront notre avenir. Parions d’ailleurs que partout, des think tanks réfléchissent aux deux schémas possibles.

Obama-Romney, Merkel-Steinbrück

La présidentielle américaine risque d’être plus serrée que prévue suite à la contre-performance du président Obama lors du premier débat télévisé. Même s’il n’y a pas lieu de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Les législatives allemandes de l’année prochaine ne seront pas neutres non plus. Imaginons, dès lors, quelques scenarii.

Mitt Romney est élu; Merkel reste. Avec l’éternel complice, le Britannique Cameron. Il n’y aurait comme „outsider“ que François Hollande, se débattant avec un terrible héritage. Quelle perspective pour le monde! Quelle perspective pour l’Europe! Quelles sensibilités géopolitiques, sociales, progressistes à l’oeuvre …

Les „Bush boys“ échouent, Obama gagne et obtient enfin ce second mandat qui lui laisserait les mains libres pour agir. Le tandem franco-américain aurait pour partie une vision commune, Merkel perdrait de sa superbe et Cameron s’adapterait. Mieux: Obama réussit (le taux de chômage américain est au plus bas selon les chiffres communiqués hier), Steinbrück est chancelier. Avec Hollande, une communauté d’esprit verrait le jour, pouvant véritablement donner un coup de manettes permettant d’infléchir le cours actuel de la politique économico-financière et sociale „occidentale“.

Car, convenons-en, il est difficile voire impossible pour un homme seul, fût-il à la tête d’un pays important, de tout basculer, alors que toutes les forces de l’argent sont liées contre lui. Bien sûr, il y aurait toujours des différences d’appréciation, oui, chaque pays, à commencer par l’hyper- puissance, aura des intérêts particuliers à défendre. Mais on ne peut pas nier que ces trois-là auraient une vision plus humaniste, plus sociale, plus progressiste qu’un trio Romney-Merkel-Cameron.
Steinbrück aura sa fenêtre de tir. Le social-démocrate de bon teint n’est pas pour autant exempt de faiblesses. Au premier rang desquelles ses excès de langage qu’il devra apprendre à maîtriser s’il mise sur des relations de confiance avec ses voisins européens.

Ne fut-il pas l’homme des „Indiens“, des „soldats“ quand lui fut venue l’idée de recadrer Suisses et Luxembourgeois …? Or les pays sont comme les femmes! Ils ont bonne mémoire …

L’enjeu des deux élections majeures à venir, après celle, en mai dernier, de François Hollande, est simplement notre devenir et donc celui de notre qualité et niveau de vie, de nos protections sociales, de nos libertés sociales et, au-delà du bon voisinage avec nos cousins de l’autre rive de la Méditerranée. Et ce n’est pas mince.