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Joyeux Noël … malgré tout

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Où que l’on se trouve, peut-être à l’exception de la Suisse, les capitales européennes ont l’air moins festives qu’à l’habitude.

Comme si, alors que nous sommes loin de l’écroulement général de notre système économique, il fallait faire croire aux populations que plus rien ne va, les privant ainsi de la joie, un peu naïve, de ces lumières qui siéent si bien à décembre et ses courtes journées autour du solstice d’hiver.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

A Bruxelles, étonnant symbole, l’arbre de Noël a dû céder la place à un échafaudage vert grenouille …

En ces temps „d’ismes“, les convenances semblent de mise: pessimisme, modernisme, jeunisme, intellectualisme, racisme, bref cynisme sont devenus des mots-clés.

Qu’est-ce qui cloche?

Telle est la question que feraient bien de poser les architectes du climat ambiant. A force de quête de réussite sans que l’on ne prenne plus soin de réfléchir au sens premier du terme, à force de quête d’argent, les valeurs essentielles qui donnent sens à une vie se perdent.

Qu’on imagine le drame de certains: que faire si on n’est pas „CEO“ (lisez chief executive officer) à 40 ans, si on ne pratique pas de jogging matinal, si on ne tapote pas en permanence sur son iPhone, iPad, si on ne vit pas oreillettes de l’iPod affichées?

Existe-t-on sans conduire de fourgon mortuaire (pardon, de … car) si on est privé de Rolex, d’IWC ou de Glashütte, ou si on ne marche pas sur des stilettos de 15 cm?
A force de course folle au paraître et au succès, beaucoup ne veulent plus consacrer du temps à leurs proches. Lire un conte à un enfant, lui raconter une histoire de fée ou de pirates est un „investissement immatériel“.

L’enfant-roi est l’enfant pauvre que l’on gâte sans l’éduquer, qu’on gave sans le voir et l’entendre, pour lequel on dispose moins d’énergie que pour le chien-chien de parade. Ecouter patiemment un parent âgé, essayer de saisir ses tourments et inquiétudes non formulées exige de l’abnégation. Un luxe pour les uns, une contrainte inacceptable pour d’autres. Mais que vaut une société déshumanisée, une société de l’incompréhension, du désamour et de la désaffection?

Rien.

„L’humanité serait-elle devenue une entreprise surhumaine“, comme le pensait Jean Giraudoux? Et l’humanisme serait-il une insanité d’un genre nouveau?

Balivernes que tout cela?

Peut-être!

Ou simplement désillusion sur un monde en folie dans l’espoir qu’il se régénérera …

Joyeux Noël, quand même.