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Le signal d’alerte

Le signal d’alerte

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Les Italiens auraient-ils perdu la raison et leur sens politique, s’interrogeait un éminent journaliste au lendemain du scrutin législatif.

Bien sûr que non, pas plus que les Espagnols, les Portugais ou d’autres. Il se trouve simplement qu’à force de pousser le bouchon trop loin, le peuple n’est plus à même de l’attraper.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

En d’autres termes: pendant des décennies les peuples européens ont cru à une idée, celle d’une Europe communautaire oeuvrant dans leur intérêt commun et capable d’améliorer la vie dans l’ensemble des Etats membres fédérés sous un toit. Mais la maison commune a, au fil du temps, vécu une mue pour devenir un gigantesque machin dans lequel la technocratie trop rigide, car incapable de remettre en question son modèle de penser, est appliquée sans que les politiques ne soient capables d’arrêter la machine à „normer“, „cadrer“, „réguler“. Des chefs d’Etat, de gouvernement et ministres trop sous influence, trop pris aussi pour sentir que le courant ne passe plus entre les peuples et leurs élus.

Une belle idée pouvait motiver, à savoir celle d’une société plus équilibrée au sein de laquelle chacun trouverait sa place à un degré plus ou moins décent. Cette espérance-là a été déçue.

Qu’est-ce qui anime aujourd’hui les dirigeants de l’Union européenne?

L’emploi, la croissance, la productivité via le savoir-faire et la motivation, le respect des libertés individuelles?

Que non!

La croissance n’est pas au rendez-vous, le climat se détériore dans de nombreuses entreprises dont les plus importantes, les petites et moyennes (PME), se battent pour leur suivi, et les entraves faites au libre épanouissement du citoyen sont innombrables sous prétexte de l’intérêt général qui n’est en vérité que celui de certains lobbies, assurances en tête.

25,9 millions

Le chômage demeure quant à lui la preuve flagrante de l’échec du modèle adopté.

25,9 millions d’hommes et de femmes sont au chômage dans l’UE. 23,4 pour cent de jeunes n’ont ni emploi ni espoir d’en trouver dans un délai raisonnable et à rémunération décente.

Est-ce acceptable? Non!

Le fameux intérêt collectif mis en vitrine a depuis belle lurette cédé la place aux intérêts individuels. Tout a été fait pour créer cette société-là, égoïste, matérialiste. Du coup, les familles se sont disloquées, le clan ne pallie
plus les carences du plus faible et dès lors, chacun a besoin de travailler pour vivre. Encore aurait-il fallu créer le cadre pour ce faire, ce qui, chiffres à l’appui, n’est pas le cas.

Ceux donc qui, aujourd’hui, s’affirment eurosceptiques, ceux qui rejettent l’Europe telle qu’elle se présente, ceux qui refusent d’accepter la fatalité économico-financiero-sociale de Bruxelles se multiplient. Partout.

Le Zeit résumait bien ce propos en parlant de la „fin de l’Europe Merkel“.

Sarkozy en a subi les conséquences, le „professore“ Monti aussi et demain, d’autres suivront. Parce que les gens en ont marre de payer le prix de l’austérité décrétée dans des arrières-chapelles, parce qu’ils n’en peuvent plus d’être des privés d’emplois, plus de vivre à la limite du seuil de pauvreté, parce que petits entrepreneurs, agriculteurs et autres, ils n’acceptent pas de voir disparaître le fruit de leur travail.

Toutes ces personnes viennent et viendront grossir les rangs des „anti“ et, faute de pouvoir exprimer leur colère autrement, l’expriment en votant pour les „clowns de service“.

L’élection italienne n’est pas un dérapage. Elle est un signal d’alerte extrêmement puissant que les Vingt-Sept, Commission européenne en tête, feraient bien de prendre très au sérieux.

Mais parions qu’à Bruxelles, pendant que M. Van Rompuy décline ses vers, M. Barroso se préoccupe au moins autant de sa future carrière que des chômeurs de l’UE. Sera-t-il le prochain patron de l’ONU ou, à défaut, le prochain secrétaire général de l’OTAN? A moins qu’il ne lui faille se contenter de la présidence du Portugal …

Ce sujet fait jaser bien davantage dans la capitale belge que le sort au quotidien des 10,7 pour cent de chômeurs.

Pas étonnant que nul ne veuille plus, même dans les pays fondateurs, voire au pays du Traité de Rome, de l’Europe de la moins-value.

D’ailleurs, pourquoi les uns, c.-à-d. un petit nombre pourrait-il légitimement se prévaloir de réussir à tout point de vue, alors que le plus grand nombre se verrait réduit à subir?

Aucune civilisation n’a jamais tenu la route quand elle était fondée sur le dénouement et l’injustice.