Neutres, le sourire scotché

La tactique a souvent marché, y compris auprès de personnes a priori cultivées et instruites, mais généralement trop pressées pour réfléchir sur le pourquoi de cette clémence affichée. Et c’est ainsi qu’elles deviennent les victimes premières d’une stratégie millénaire. Le „clan“ n’a jamais dérivé de son chemin.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Seuls les moyens changent pour atteindre le but éternel, à savoir la mainmise officielle ou officieuse sur la vie publique, l’Etat. Pour cela, il faut des alliés, des relais. Il y a, bien-sûr, le parti et son appendice, le syndicat. Soldats fidèles dès que l’essentiel est en jeu. Il y a la postille-maison, adaptable à souhait.

Méthode

Une société qui mute, une alternance politique: voilà les défis du moment. Les réponses ne pouvant plus être celles des années 70 où l’on recourait à la grosse artillerie et à l’injure anonyme, force est de changer de méthode.

On échange donc les officiants: nouveaux visages symboles de la modernité ambiante type „jeunes cadres dynamiques“, policés, lisses. Et qui dit lisse dit neutre, à distance, donc „objectif“. Pourtant, ils font tous partie du sérail. Le mot d’ordre est simple. On ne se mouille pas directement. A d’autres incombe cette tâche, d’autres estampillés „spécialistes“. Tel un responsable directeur d’institut de sondage, un politologue, un sociologue, un responsable d’association, un expert … Lesquels, enquête faite, font toujours, bien évidemment, partie de la grande famille.

L’allié des temps modernes devient une radio. Les circonstances s’y prêtent de par la constellation des gens en place. Dès lors quelle machine de guerre! Dire que les nouveaux arrivants au gouvernement s’en aperçoivent tout juste, eux qui seront désormais harcelés au quotidien. Eux qui sont et seront inlassablement la cible, eux les „usurpateurs“ … Que ces derniers se rassurent. Il leur suffit de tenir bon en restant soudés sans se laisser impressionner et d’avoir le courage de réformer les mœurs politiques ambiantes.

Quelques fonctionnaires hauts en rang sont mécontents. Parce qu’ils ont oublié qu’ils servent, rien de plus? Qu’ils partent! Après cinquante ans de „combinazione“ à la romaine, il est bon d’aérer les placards. Que nul ne s’inquiète! Les partants retomberont vite sur leurs pieds comme en témoigne l’arrivée de celui qui représentait l’Etat auprès de BGL BNP Paribas … à la Banque de Luxembourg, le concurrent. Au CSV il n’y a jamais eu la notion „d’insider trading“, sans quoi les conseillers des premiers ministres successifs chargés des médias ne se seraient pas systématiquement retrouvés à la „Maison de Paul“ l’apôtre.

Le sourire de ce monde-là restera scotché au visage ces prochaines années; la neutralité sera perfide. Ainsi soit-il. On fera avec. Comme d’habitude.