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Le Juncker nouveau est arrivé

Le Juncker nouveau est arrivé

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Les récentes photos l’attestent: il est méconnaissable, Jean-Claude Juncker. Rajeuni, coupe de cheveux au plus près, soigné, costume bien taillé, chemise et cravate parfaitement ajustées ... le regard vif, sourire taquin.

Le futur travailleur frontalier, à en croire le Journal (édition du 30/9/2014), ferait toutefois la navette entre Bruxelles et Luxembourg, ce qui en ferait le premier président de la Commission européenne partiellement délocalisé, permettant ainsi au Grand-Duché de devenir un lieu de travail de l’exécutif bruxellois.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

La fonction change l’homme, dit l’adage. Forcément, puisque les entourages changent et ainsi les influences. Or, le directeur de cabinet du président en devenir passe pour être particulièrement au faîte des rouages de l’institution, vieux renard au service de l’ancienne commissaire Reding durant ses mandats successifs, comme d’ailleurs la plupart des membres de l’équipe. Un gage de solidité donc, une assurance „conseils utiles“ et poigne
de fer.

C’est donc un Jean-Claude Juncker nouveau qui s’apprête à prendre la relève du terne Barroso, à la fois esclave de sa propre doctrine et de celle du néolibéralisme le plus dévastateur qui a contribué à façonner l’Europe du chômage, de la récession, de l’illettrisme qui est devenu le nôtre.

Tel le Beaujolais …

Il en est des humains comme du vin. Certains crus sont parfaits, d’autres purement mauvais. Pour que l’excellence devienne réalité, de nombreux éléments doivent être réunis. Quid de la future Commission? Le président devra s’affirmer. Face au Conseil européen, face au Parlement qui l’a fait roi, face à ses pairs et à sa puissante administration forte d’un savoir-faire exceptionnel. S’affirmer avec autorité, mais sans heurts. Délicat exercice!

Jean-Claude Juncker a réuni son collège. Tous les membres ne se valent pourtant guère.

Singulière idée que de croire qu’un conservateur britannique issu de la City deviendrait un jour un Européen dans l’âme. Il suffit de lire le très sérieux Financial Times (édition du 30/9/2014) pour comprendre qui donne le ton. Etonnante initiative que celle de désigner un émissaire de l’autoritaire premier ministre hongrois Victor Orban à la culture, la formation, la jeunesse, la citoyenneté et donc un ex-ministre d’un gouvernement qui a tout fait pour museler la presse.

Surprenant également le choix du sexiste conservateur espagnol et de la libérale suédoise en charge des si délicates négociations sur le TTIP. A voir par ailleurs comment un vice-président letton „contrôlera“ un commissaire „indépendant“ issu d’un grand Etat membre.

Naïveté ou début d’une ère nouvelle?

L’examen de passage n’est pas celui de l’assemblée européenne. Il aura lieu, après un légitime état de grâce (six mois), face aux citoyens de l’Union européenne qui doutent et sont davantage porteurs d’angoisse que d’espoir. Il appartiendra au président Juncker, parce qu’il a voulu le „job“, de ne pas les décevoir.

Un échec équivaudrait à un raz-de-marée des extrêmes droites.