Jeudi, les citoyens de Sa Gracieuse Majesté seront appelés aux urnes. Apparemment, tout va pour le mieux au Royaume-Uni où la descendance royale est assurée et où les princes font rêver et gagner de l’argent aux bookmakers et marchands de gadgets tout en offrant une pause bienvenue aux candidats en lice qui ne manqueront pas de se battre jusqu’au bureau de vote.
" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Londres continue de faire fantasmer les jeunes cadres dynamiques (surtout français!), la London School of Economics, vaste fourre-tout désormais, a détrôné Harvard chez les jeunes étudiants européens et, il est vrai, Cambridge et Oxford demeureront des lieux d’exception de par leurs traditions et leurs côtés si „british“. Mais que se cache-t-il derrière tant de préjugés favorables?
A l’instar de Reagan aux Etats-Unis, Thatcher a cassé en mille morceaux le tissu social britannique, les Friedman Boys étaient passés par là. Privatisations, paupérisation, clivages sociaux énormes ont eu leur effet et si le National Health System demeure public, comme un vestige du passé, il est lui aussi en fort délabrement. Qui, chez nous et de ceux qui admirent le modèle libéral anglais, aimerait croupir dans des couloirs d’hôpitaux, souvent par terre, attendre des mois, voire des années pour avoir droit à une opération, être privé de traitements contre le cancer à cause du prix ou admettrait de se voir refuser le remboursement de médicaments pourtant vitaux? Personne.
Et lesquels de nos médecins, si pointilleux quand il y va de leur tiroir-caisse, se contenteraient de saliver en voyant leur traitement baisser de 10 à 15% du jour au lendemain? Bien peu.
Le Royaume-Uni de Thatcher à Cameron, en passant par Major, Blair, Brown, fait illusion au même titre que ne le fait son modèle «melting pot» qui, admettons-le, fut longtemps une panacée.
Aujourd’hui, l’intégration type Commonwealth n’est plus une évidence. L’intégrisme islamique souterrain y est un danger comme ailleurs, les communautés ethniques et religieuses se cloisonnent et la recette de la langue unique ne suffit plus à fédérer.
Le Royaume-Uni se cherche, politiquement comme économiquement. Peut-être y produit-on plus de Jaguar comme jamais avant, sauf qu’avant Jaguar était anglais et non indien … Le pays est membre de l’UE tout en demeurant un corps étranger flottant dès les premiers vents favorables vers la rive étatsunienne de l’Atlantique.
Mais les temps de l’Empire sont loin et l’histoire commune avec l’Europe est ancienne. Dommage que la classe politique, Tories et Labour confondus, ne veuille pas s’en rendre compte, elle dont les élites sortent pourtant de si grands et réputés collèges et universités. Miliband ou Cameron, influence des Ecossais déçus par leur référendum perdu ou non: au-delà des apparences se pose la question de l’identité du Royaume britannique. Ce dernier veut-il rester une île politique, compte-t-il rester ad vitam aeternam l’allié et serviteur inconditionnel de Washington ou osera-t-il afficher son ancrage européen? Si la dernière option était une réalité, force serait de jouer le jeu, une bonne fois pour toutes. Si les options une ou deux étaient celles des Britanniques, alors autant tirer un trait, bien fait vite fait. Car les sous-marins sont dangereux.
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