C’est apparemment le cas, si l’on en croit de trop nombreuses réactions sur les sites web, et pardon de le dire ainsi, de constater l’incommensurable bêtise des arguments mis en avant. Petite consolation toutefois: beaucoup de ces propos sont orchestrés par des partis politiques qui ont mis en place des «task force» spéciales dédiées à cet effet. Cela s’appelle de l’intox, de la prise d’influence sournoise et malheureusement cela marche, du moins pour partie. Les chiffres publiés cette semaine par le Statec ont aussi contribué à semer la confusion.
" class="infobox_img" />Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu
Pour preuve: «105.000 électeurs étrangers», a-t-on pu lire. Oui, SI TOUS les étrangers vivant depuis 10 ans au Grand-Duché s’inscrivaient aux élections communales de 2017, ils seraient 105.000 à pouvoir THÉORIQUEMENT participer aux législatives de 2018. Si et si et si …
A l’heure actuelle, ils ne sont que 35.000 sur 105.000 à remplir les conditions requises. Pourquoi faire croire autre chose? De quoi a-t-on peur, puisque les mêmes auraient pu, après 7 ans de présence au pays, adopter aisément la nationalité luxembourgeoise? Enfin et surtout: où est la traîtrise des «oui»?
Soyons donc pour une fois lucides et pragmatiques. Nul ne peut raisonnablement croire, qu’à terme, dans un pays où les citoyens venus d’ailleurs seront majoritaires, que cela plaise ou non, ceux-ci ne seraient aucunement représentés. Ce serait programmer l’explosion à terme. Pourquoi ne pas simplement admettre les réalités démographiques et opter pour une position avant-gardiste comme le Luxembourg a si souvent su le faire?
Quand on veut anticiper l’avenir, on le prépare. Ainsi se donne-t-on le temps, les moyens, la pédagogie de le faire en bonne intelligence. Si vraiment nous redoutons que les étrangers (l’étranger = l’autre) ne nous fassent perdre notre identité, notre culture propre, notre âme en quelque sorte, pourquoi ne pas enfin les familiariser avec cette âme, les rendre conscients du fait que vivre dans un petit Etat équivaut à se sentir menacé, leur dire que cette âme est celle d’un ancien peuple pauvre, modeste, fier et discret par nature.
En même temps, sachons adopter un peu du chatoiement de nos concitoyens étrangers, un peu de leur facilité à s’exprimer avec force gestuelle et joie de vivre.
Essayons de transmettre et de prendre. Serait-ce si mauvais que de vivre à notre tour avec un peu de la joie spontanée «méditerranéenne»? Le dialogue s’impose; l’absence de dialogue est encore la règle chez nous.
Certes, celui qui arrive, a le devoir de s’adapter, puisqu’il a fait le choix de venir quelles qu’enfussent les raisons, économiques ou politiques. Celui qui accueille a deux devoirs: celui de l’hospitalité et celui de la pédagogie. Il y a, de part et d’autre, moult progrès à faire. Mais de quoi les Luxembourgeois ont-ils peur? Manqueraient-ils, soudain, de confiance en eux-mêmes, eux dont le pays a survécu à deux guerres mondiales?
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